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Grandia

Jeu Pas fini du tout #5

Grandia, PlayStation, Game Arts, cover

Type de jeu

L’aventure avec un grand A. L’amitié, l’amour, que des mots en A. L’absence absolue d’accompagnement parental, avec des grands A aussi.

Date de sortie sur nos machines

Mars 2000, l’adolescence ahurie avec un grand A tout pareil. Pour moi en tout cas.

Développeur

Game Arts Co., Ltd. qui confectionne des jeux depuis 1985, un Wing Commander par-ci, un Alisia Dragoon par-là, plein de Lunar, et plein de Grandia aussi.

éDITEUR

Ubi Soft Entertainment Software pour nous petits Européens qui avons oublié l’aventure depuis des siècles (sans aucun doute pour le mieux).

Grandia : disponible sur plein de trucs !! La PS5, la Xbox, la Switch, sur Steam aussi. Attention, en version HD Remaster, mais il y a aussi le II dans la collection !

Grandia a d’abord vu le jour sur Saturn en 1997. Information gratuite et sans contexte, histoire de mal démarrer. Mettez toujours la barre au plus bas, dans l'espoir de faire meilleure impression sur la fin. Pour d'autres conseils de leadership, demandez à quelqu'un d'autre ; n'importe qui fera l'affaire. En tout cas, heureusement que Grandia a eu droit à sa version PlayStation deux ans plus tard ! Qui l’aurait connu, sinon ? Pauvre Saturn, si mal aimée, si peu vendue. J'aurais pu lui apporter mon soutien à l'époque, je ne l'ai pas fait, alors il est un peu tard pour chouiner. Grandia par contre, je l’ai découvert chez mon meilleur pote Randall Geyser, qui dénichait des perles vidéoludiques sur PlayStation, je n’ai jamais trop su par quels moyens. Il me disait toujours que ça venait du mec de sa sœur, mais je n'avais jamais plus de détails que ça. Je ne serais pas étonné d’apprendre un jour que le gars en question a créé the Pirate Bay, et qu'il se trouve en exil quelque part dans un paradis fiscal quelconque. Par conséquent, Randall me dévoilait toujours des RPG japonais en CD gravé qu’on ne pouvait lancer qu’avec l’Action Replay, ce petit boîtier magique qui se branchait à l’arrière de la console. Il m’a fait connaître Breath of Fire 3 comme ça, Final Fantasy Tactics, Legend of Kartia, Vagrant Story… et potentiellement d’autres, quoique les avoir oubliés me paraît très improbable. Une fois sevré d’Ocarina of Time, cette fois sur son PC avec émulateur, il a aussitôt replongé pour un gros morceau sur Play. Ouais on l’appelait la Play, cette console, désolé. À mon grand soulagement, Link allait enfin me lâcher la grappe, mais je garde cette aversion secrète pour éviter de me faire lyncher.

Grand Hiatus

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Le gros morceau en question ? Grandia bien sûr, il faut bien que je commence à en parler. Dès les premières minutes, j'ai TROP adoré ce que je voyais à l'écran. Du coup, j'ai refusé de faire le spectateur comme pour 90% des jeux que je fais semblant d'avoir connus. Celui-ci, je savais que j'allais me jeter dedans à corps perdu ! Quand Randall me l'a prêté, j’ai agrippé la boîte comme un chien enragé, et j’ai lancé le jeu dès que j’ai pu. Puis… j'ai stoppé net, sans même me rappeler des vraies raisons. Sûrement à cause d'une cargaison de bagnoles roulant très vite dans Gran Turismo 2, ou des cinglés aux capacités paranormales dans Tony Hawk’s Pro Skater 2, mais je n’ai plus de moment précis en tête. Puisque mon pote l'avait déjà fini et n'allait pas se le retaper juste pour me montrer, je n'ai jamais vu plus loin que les premières heures de l'aventure. Souvenirs presque effacés, crédibilité quasi nulle… des conditions parfaites pour en faire un article !

Grande I.A.

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Je reviens, je lance quand même une playthrough YouTube pour faire genre. Tiens, on a droit à des voix pendant les dialogues ? Je ne me souvenais pas. Je trouve ça un peu agaçant, en tout cas en anglais. Heureusement, ça n’arrive pas à chaque conversation, quelle galère sinon ! Et il aurait fallu trois ou quatre disques de plus pour stocker les fichiers audio. Par contre les portraits avec les expressions faciales, j'aime bien, dessiné dans un style moins clivant que Legend of Kartia, et plus sympathique que FF VIII. Présentation du protagoniste principal : une sorte de gamin arrogant et mégalo qui se prend pour le meilleur aventurier du monde, alors qu’il n’a jamais dépassé la première plaque d’égout de sa rue. Il rêve de révolutionner la discipline, quand bien même son père et son grand-père ont joué aux explorateurs avant lui… et ont perdu. Perdu dans le sens qu'ils sont morts, quoi. Je ne sais pas si les développeurs l’ont souhaité ainsi, ou si je fais juste le difficile, mais j’ai du mal à m’attacher à ce genre de gars.

Qui aurait envie de se barrer à l’autre bout de la planète, à braver mille et un dangers aux côtés d’un mecton aussi insouciant et prétentieux ? Sa meilleure amie Sue, visiblement. Meilleure amie qui l’idolâtre et qui ne s’en sort pas beaucoup mieux, dans le genre gamine niaise et euphorique pour que dalle. Allez, il faut que je dise un truc positif pour contrebalancer. Ha c’est bon ! J'ai ! J’adore le concept : mettre l’aventure au premier plan, plutôt qu’un scénario alambiqué, des mécaniques complexes, ou juste le besoin d’aller taper des méchants ; original et bien vu. OK, on aurait pu avoir tout ça en plus de l’aventure, je… oui d'accord. Grandia parvient à transmettre son amour pour la bougeotte comme aucun autre titre ne sait le faire. En tout cas aucun que j’ai connu avant lui, ni après. Franchement, qui fait démarrer son équipe avec un tablier en guise d’armure, un couvercle de marmite en lieu et place du bouclier, une casserole sur la tête, et un jouet en bois pour épée ?

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Et bah ça fonctionne ! Forcément, ça évolue vite vers du plus classique, et on termine engoncé dans une cotte de mailles forgée par des dieux, une arme enchantée cinq cent fois par les plus puissants sorciers, en se trimballant des artefacts millénaires qui lancent des tornades de flammes dans huit dimensions à la fois. Dommage de ne pas avoir tout misé sur l’originalité du début, même si ça reste un détail. Imaginez que Justin se tape à la fin avec une fourchette en bois fossilisé ayant appartenu à un cuistot mort depuis des millions d’années ! Ou qu’il se protège le crâne avec une passoire en métal extrait d’une météorite venu d’une autre galaxie !!! Dinguerie de malade. Ou pas. Je n’ai jamais réussi à devenir game designer, il y a peut-être une bonne raison à ça.

La prise en main se fait on ne peut plus facilement. Ça ressemble pas mal à Secret of Mana, dans la manière de gérer les combats en “presque temps réel”, avec une barre d’initiative qui demande quand même un poil de réactivité de notre part. J'ai encore moins joué à Secret of Mana qu'à Grandia, donc vous feriez bien de me faire confiance. Le système de progression m’a paru ultra conventionnel également, mais logique et efficace. On augmente sa maîtrise d’arme en l’utilisant, on améliore ses sorts en les lançant, et on en débloque d’autres du même élément à force de persévérance.  Il me semble que plus on occasionne de dégâts lors des fights, plus on progresse vite, mais je peux me tromper. Et je ne vais pas me refaire le jeu moi-même juste pour clarifier ce point, ça va aller. D’autres le font mille fois mieux que moi, et je peux les voir faire sur mes heures de travail, en plus.

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On gère un groupe de combattants, entre un et quatre, aux profils divers et variés (mais en gros, guerrier, mage ou support), sauf qu’on ne choisit jamais qui on peut embarquer ou non. Les gens arrivent et s’en vont au gré de l’histoire. Ça rend le tout plus réaliste (comme l’abandon du tablier, à mon grand regret), sauf que contrairement au système de progression, ici le réalisme empiète sur la coolitude, donc non, pas d’accord. Franchement, on nous fait incarner une meuf super cool depuis le début du jeu, et au bout de vingt heures, elle quitte la troupe pour ne plus jamais la réintégrer. VINGT HEURES à s’attacher au perso, et on doit l’oublier. Pourquoiiiiii ? FEENA ! REVIENS ! JE T'AIM… oulà. Voilà précisément le genre de dégâts ce que ça cause, CQFD. Bon, en même temps je la comprends, qui a envie de se coltiner ce branleur de Justin pour découvrir si oui ou non il existe quelque chose derrière le Mur ?

Non, je lui en aurais plutôt collé une pendant qu’il se balade sur le bord du Mur en question, et pas pour le mettre en sécurité. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait à l’époque, et j’ai perdu, et j’ai arrêté là. Ça y est, je me souviens, maintenant ! Et donc, on entre dans la boucle classique : rencontre avec des gens, combat, récupération de stuff, avancée dans le scénario, nouvelle zone, rencontre avec des gens… etc. Je ne critique pas, j'adore les boucles classiques. Mais si on chouine un peu quand tel ou tel compagnon charismatique se casse, on ne se lasse pas des circonvolutions scénaristiques. Tiens, c'est la première fois que j'écris ce mot de ma vie. La dernière aussi, sans doute. Les rebondissements apparaissent suffisamment souvent pour qu’on reste en haleine, si tant est qu’on apprécie le caractère relativement enfantin de l’univers. C’est mon cas, tant mieux.

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On vit une aventure épique, on croque la vie à pleines dents, faisant fi de toute responsabilité imposée par le quotidien déprimant des gens normaux ! Pas de charge mentale, pas de factures, pas de perquisitions de flics toutes les semaines parce que j'ai détourné le fric de… ah, je vais peut-être garder ça secret aussi. Le tout emballé dans une ambiance rétro-futuriste souvent très inspirée. Les trains à vapeur côtoient les forteresses volantes, les navires de guerre tout droit sortis de la seconde guerre mondiale, et les entités bio-mécaniques. Sans oublier les phases mystico-onirico-spirituelles dans des décors coincés entre deux univers pas tout à fait parallèles. Il en faut toujours, de ces délires métaphysiques, sinon on n’appellerait pas ça un vrai JRPG, hein ? Bon, les graphismes ne font pas franchement honneur à tout ça, dommage, ça reste assez limite pour de la PS1 en 2000 (même si le jeu a déjà trois ans quand on le découvre chez nous, d’accord).

Mais en fait, contre toute attente, cette 3D polygonale a beaucoup mieux vieilli que dans d’autres jeux du même style. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais ça tient le coup face aux ravages du temps. Tiens, pendant que je parle de JRPG, et qu'on n'est plus à une digression près, petite parenthèse sur la représentation des femmes. Il y en a toujours eu des femmes, dans les JRPG, hein. Mais là, on dirait qu’il y en a plus que la moyenne. On arrive à du quasi 50/50 avec les hommes, honnêtement. Et on les voit à des postes plutôt importants. Bon, ça ne veut pas dire que Grandia passe le test de Bechdel, loin de là. Les trois capitaines ennemies ne parlent que de leurs nichons ou de leur amiral trop beau, la love interest passe d'aventurière indépendante à carpette pleurnicheuse parce qu’elle kiffe sur le héros (qui ne s’en rend même pas compte alors qu’il la kiffe aussi, ce débile). Les rites de passage, du style le gros guerrier qui veut faire grandir le protagoniste en le forçant à le battre en duel. COMME UN HOMME !

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Grandia, PlayStation, Game Arts, Justin

Oui, allez, avant ça passait tout seul, je ne suis qu’un gros rabat-joie qui n’aime pas vraiment les nineties. SI ! J’adore les nineties, c’est toute ma vie, OK ? J’arrête de me répondre à moi-même ! Tout à fait. N'empêche qu'on voit quelques efforts par-ci par-là, ce qui suffit à rendre ce jeu plus féministe que tous les trucs sortis jusqu’en 2017. Sauf Rampage, évidemment. Bon à part ça, qu’est-ce qu’on a d’autre ? En vrac : des esprits à sauver, des méchants pas si méchants que ça, plusieurs choix possibles lors de dialogues, même si je n’ai pas l’impression que ça influence l’histoire. Beaucoup de cutscenes et discussions, des relations entre les personnages plutôt bien construites sur la durée, et pas trop trop bâclées. En tout cas quand les personnages en question ne se barrent pas pour TOUJOURS ! FEENA ! MAIS TU VAS REVENIR OU QUOI ? Une entité militaire toute puissante qui cache plein de secrets et complote contre le monde entier, en mode Magisterium de la Croisée des Mondes (best compliment ever).

Un génocide de corbeaux anthropomorphes, un mur infranchissable qui cache une énorme partie du monde au commun des mortels, des niveaux bien sympas malgré la relative obsolescence des graphismes. La session en bâteau fantôme, des ruines oubliées avec leur atmosphère ultra flippante, la Misty Forest qui réussit son entrée dans le panthéon des stages en forêt super stylés, d’autres régions plus ou moins étranges… etc. Certains monstres ont vraiment des tronches pas possibles. On n’atteint pas la bizarrerie des FF, mais pas loin. Un bon bestiaire de JRPG, quoi. Les anguilles fantômes de la Misty Forest sont juste géniales. Si j’avais joué à Grandia avec cinq ou six ans de moins, c’était crise de terreur et éteignage de console en courant, ces anguilles. Et dans tout ça, j’ai réussi à ne pas parler de la Spirit Stone que Justin possède depuis la mort de son père, et qui est la clé de tout. Preuve que je n’ai pas touché au jeu depuis l’an 2000, et que je tiens à livrer une critique aussi bâclée que possible.

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Grand Adagio

La bande son nous vient d’un certain Noriyuki Iwadare, connu pour ses travaux sur Grandia justement. Mais aussi Lunar, Soleil, Ace Attorney, et plus récemment le Super Smash Bros Ultimate sur Switch. Carrière plutôt respectable, donc. Pas comme mon bagage culturel, puisque je ne connais presque rien là-dedans. Le générique du début fait penser à la Croisière s’amuse, d’accord. D’autres l’ont déjà dit avant moi, ne portons pas de jugement hâtif, même si je me retiens de lâcher une petite vanne. Techniquement, la Croisière s’amuse, c’est une déclaration d’amour à l’aventure aussi, donc ça passe nickel. Pour une bonne partie des autres titres, je note une très forte influence des musiques d’anime. Écoutez les morceaux sans le gameplay, et ne me dites pas que vous n’avez pas d’images mentales de longs métrages de Miyazaki ou d’épisodes d’Evangelion qui se superposent sur le béret de ce gros relou de Justin. Ouais, hein ? Nan ? Bah si. Vous ne pouvez pas ne pas en voir. Prenez d’autres réfs si vous voulez, moi je garde celles-là. En général, toutes les compos dégagent une vibe joyeuse et épique, rien de sombre ou déprimant, à quelques exceptions près (quand ça concerne des filles souvent, expldrrrrr). Et bien sûr, on a droit au fameux morceau de la forêt qui tient son statut au-dessus du lot à la perfection. Pourquoi tous les JRPG nous pondent des musiques de forêt absolument incroyables ? Y a un pattern que je ne comprends pas, même si je le serre très fort dans mes bras. Cela dit, je préfère mettre en avant le thème de la ville natale du héros et de sa pote Sue, qui détermine à lui seul toute l’ambiance du reste du jeu. Des cornemuses enjouées, une mélodie qui met une pêche de dingue, des arrangements à la bonne humeur contagieuse… franchement, je prends mon peignoir violet, mon couvercle de poubelle en plastique, ma pompe à vélo et je pars à la conquête du monde direct. Allez salut !

Grandia (PlayStation) - Town of Parm
00:00 / 03:32

Grands Miasmes

Moi qui suis resté bloqué dans la pré-adolescence, j’aurais vraiment dû forcer un peu pour au moins me faire plus que la moitié. Tony Hawk et ses potes tout aussi crâneurs que Justin auraient bien pu patienter un peu, vu le temps que j’ai passé à les faire s’éclater par terre en foirant mes figures. Dans mon enfance vidéoludique saturée par les RTS sur ordi et les jeux de fight ou de course sur console, voilà un vent de fraîcheur qui aurait fait du bien à mon ouverture d’esprit.

On aurait pu s’enflammer dans des débats interminables avec mon pote Randall, et on aurait joué à Grandia II ensemble sur PS2, autre chef-d’œuvre que j’ai tout aussi honte d’avoir manqué. Et on aurait pris un appart, et on vivrait toujours sous le même toit aujourd’hui, à se faire des sessions de Golden Axe, de Diablo IV, ou de plein de JRPG rétro super classes, importés par son beau-frère trempant dans des bails un peu sombres. OK, j’enlève Diablo IV de la liste, pour des raisons évidentes d’éthique et de respect de moi-même. Sûr et certain qu’on se serait éclatés comme des oufs, en tout cas. Inconscients, immatures, mais heureux. Comme Justin, finalement. Et incels aussi, sans doute, mais bienveillants, j’espère. En voilà une idée intéressante d’univers parallèle, tiens.

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