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Sid Meier's Colonization

One-Shot De ouf #3

Colonization, PC, Sid Meier, cover

Type de jeu

Simulation au nom problématique, au concept un peu édulcoré, et encore pas mal difficile à expliquer sans manquer de respect à certaines civilisations. Mais très cool sinon !

Date de sortie sur nos machines

1994 sur DOS (personne au monde ne connaît le mois, à part peut-être Sid Meier lui-même), mai 1995 sur Windows.

Développeur

MPS Labs, en gros MicroProse Software Labs, en gros la division de développement de MicroProse.

éDITEUR

MicroProse Software, Inc. En gros qui chapeaute les jeux de MicroProse Software Labs, donc en gros ceux de MPS Labs.

Colonization : disponible sur GOG et sur Steam

Avant l’année 1995, date à laquelle un PC “moderne” a débarqué à la maison, la seule machine similaire à laquelle j’ai eu accès se trouvait dans la chambre de mon cousin Walter le gamer. Je ne compte pas le 486 de mon père qui ne faisait pas tourner mieux que Lemmings ou Scorched Earth. Walter me parlait de disquettes et de CD-ROM, je lui répondais : ”Euh, c’est comment, par rapport aux cartouches de Mega Drive ? Au niveau du progrès et du potentiel d'amusement ?” Je pense qu’il se gargarisait un peu de me montrer des jeux que je n’imaginais même pas dans mes rêves les plus fous. Wing Commander III, le premier Doom, Heretic, mais aussi Colonization, qui a laissé une empreinte indélébile dans la partie mémoire de mon cerveau. J’ai nourri une fascination sans frontières pour ce jeu de gestion qui me semblait révolutionner le monde entier (mais surtout l'Amérique précolombienne). Je me suis aussitôt promis d’en faire l’acquisition un jour, évidemment sans concrétiser le projet. Et avec un nom pareil, vous vous doutez bien que ce titre a probablement ultra mal vieilli. Voyons voir.

Le futur du passé de l'avenir obsolète

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Le faux Civilization II

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Oui donc, déjà, Colonization représente la première suite de Civilization, l’espèce de référence ultime des jeux de gestion imaginée par le mythique Sid Meier. Voilà, bon le vrai Civ II arrivera deux ans plus tard, et il me tartinera la face d'encore plus de pâte à tartiner chocolat-nostalgie. Ici, on nous propose d’incarner quatre nations au choix (France, Pays-Bas, Espagne ou Royaume-Uni) en 1492 ; sans doute un pur hasard, cette date huhuhuhuhu. Chacune possède ses propres forces et faiblesses, et ne sert pas qu’à flatter les égos des ressortissants des pays concernés. Ou pas, peu importe. Je remarque que le but ultime ne nous oblige pas à fracasser le crâne de tous les populations natives que l’on rencontre, mais à bâtir des colonies suffisamment prospères pour déclarer notre indépendance vis-à-vis de la couronne. Bonne nouvelle, le massacre des indiens viendra plus tard, mais pas dans ce jeu.

On peut le faire, hein, mais ça ne nous fera pas gagner la partie. On peut aussi choisir de s’allier avec le maximum de tribus et défoncer les autres nations coloniales, ou alors mixer les rapprochements avec envahisseurs et envahis à divers degrés, selon les envies et nos affinités politiques. Évidemment, peu importe les choix que l'on fait, soit on se comporte en affreux impérialiste massacreur d’autochtones, soit on affiche une image plus propre, mais erronée, des conquérants Blancs de l'époque. Annonçons d'emblée que ça pose tout un tas de soucis éthiques, mais wesh, j'avais dix ans et je n'arrivais déjà pas à écraser une fourmi. Alors cet aspect du jeu, je ne l'ai pour ainsi dire pas du tout exploité. HAHA ! Exploité ! Comm… ah bah voilà. Stop. Non. Pas drôle du tout. 

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Depuis mon regard innocent d'occidental privilégié, j'ai juste adoré bichonner mes comptoirs et villages, les faire grandir en les dotant de bâtiments spécialisés, tout en évitant les conflits au maximum. Déjà que je me transforme en anguille quand je dois prendre part à un conflit dans la vraie vie, ça m’insupporte encore plus dans un jeu de gestion ! Pourtant, dans Colonization, on finit par ne plus avoir le choix d’en venir aux mains, au moins une fois ou deux. Avec toutes les imbrications diplomatiques entre les trois autres puissances expansionnistes et les huits clans natifs, il y a de quoi s’embrouiller pour un ballot de paille trop fin, se faire poignarder dans le dos pour une peau de bête mal tannée, et subir le plus infâme des complots si on éternue un peu trop fort.

Surtout quand notre régent s’en mêle en nous intimant de frapper un grand coup sur tel ou tel autre protagoniste, sinon lui-même se charge de nous taper dessus. De toute façon, il ne fait que râler de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe, jusqu’à nous rendre l’existence sous sa coupe invivable. Et là, il faut encore se farcir ses armées quand on déclare notre indépendance, tout vexé qu’il est. Alors voilà, je préfère voir grandir mes mignonnes colonies, quitte à éradiquer une harde de rennes et mille hectares de forêt primaire au passage. Et le commerce dans tout ça, on en parler ? Oooh le commerce, avec sa douzaine de ressources à acheter ou vendre, mais aussi à transformer en produits à plus grande valeur ajoutée.

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Les prémices d’une mécanique ultra addictive qui aura fait le succès d’Anno, par exemple. En voilà un jeu qui sait faire dans l'expansion d'empire sans dénigrer personne. À moins que… non, quand même pas. Si ? Par ailleurs, du côté de l’ambiance, ça dit quoi ? Revoir les graphismes aujourd’hui m’a fait perdre le sourire niais que j’arborais au moment de commencer à écrire l’article. Je me souviens être tombé amoureux du pixel art du jeu à l'époque, m'extasier devant les détails que nos colons découvraient en piétinant les terres des Apaches ou des Incas. Là euh, je ne pense pas abuser en réclamant un peu plus de finesse là-dedans !

Je ne vois que Theme Park qui proposait encore pire à la même période. Mais je préfère me concentrer sur l'enchantement qui m'a pris aux tripes quand j'ai découvert cette représentation très originale du Nouveau Monde durant l'enfance. Tant de merveilles fourmillaient à l’écran, je voyais des animaux gambader, des pièces d’or scintiller, des campements se bâtir, des diplomates se faire éventrer, et des villes entières brûler… tant de magie à l’œuvre pour faire rêver les petits gamins. Des gamins vivant dans l'une des quatre nations jouables, en tout cas. J'en faisais heureusement partie.

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Peut mieux faire

Jeff Briggs, accompagné de deux ou trois autres confrères, a donné vie aux mélodies de Colonization. Je me rappelle plutôt pas trop mal son boulot sur Civilization II ; j’avais franchement bien aimé. Là, j’éprouve un peu plus de difficultés à me mettre dans le bain, notamment sur les titres aux sonorités à la fois militaires et joyeuses (ce qui représente trois quarts de la bande-son) ; en mode on envoie des colons pacifier les sauvages du nouveau monde, la grosse éclate, frère impérialiste ! Dans Civ II, Jean-François (Jeff ça veut bien dire Jean-François, non ?) nous proposait des compos inspirées de diverses régions du monde, comme la Mésopotamie ou l’Egypte antique. Et si je m’attendais forcément à moins de diversité chez son prédécesseur, ainsi qu’une qualité sonore un cran en-dessous, j’espérais un peu mieux quand même. Surtout que pour une grande majorité des pistes, on ne dépasse pas la minute trente d’écoute. Après, les fichiers MIDI ne permettent peut-être pas de retranscrire les vibes “native american” des quelques morceaux que l’on pourrait éventuellement associer aux peuples concernés. Et puis, les trois musiques pas trop guillerettes de l’album rattrapent tout le reste, au final. Je les aurais adorées et chéries comme les ritournelles vidéoludiques les plus nostalgifères de mon enfance (Castle of Illusion, Secret of Mana, vous avez de la concurrence !).

Colonization (PC) - Bonny Morn
00:00 / 02:43

Pas si grave ? Si Si

Bon, encore aujourd’hui, je comprends pourquoi j’ai autant bavé sur Colonization. En occultant tout ce qui déconne dedans, ça reste un bon petit jeu de gestion. Et en 1994, trucider des Précolombiens ne m’aurait fait ni chaud, ni froid (tant que ça restait dans un cadre virtuel quand même, hein). Trucider des colons Blancs non plus, heureusement.

Colonization, PC, Sid Meier, gif

Je veux dire, je ne voyais pas de différence avec le fait de buter des Soviets dans Alerte Rouge, des moustiques dans Rayman ou des démons dans Mystic Defender. Je m'enfonce ? OK je laisse tomber les justifications. Nul doute que la Mega Drive aurait pris la poussière un an plus tôt, si beau-papa avait acheté un ordi avant. Mais tout compte fait, je préfère la tournure qu’a pris mon expérience des jeux vidéo, du moins sur ce point précis. Si j’avais succombé à Colonization, Heroes II m’aurait paru moins fourni en ressources, les planètes de Master of Orion II m’auraient semblé fades au possible, et j’aurais encore plus adoré la franchise Civilization. D’ailleurs, j’ai appris que Civ IV, sorti en 2008, n’est autre que le remake de Colonization. 2008, ça devient déjà plus gênant pour un jeu qui nous met dans la peau des “grands conquérants du Nouveau Monde”, non ? Ouais, je crois que je vais rester éloigné de ce truc.

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