Teenage Mutant Ninja Turtles IV :
Turtles in Time
Jeu ultra Cool #3

Type de jeu
Activité inconnue des parents, et pourtant légale, rendant les enfants hyperactifs et déchaînés.
Date de sortie sur nos machines
Novembre 1992, je crois. Ça correspondrait à cette impression d’y avoir joué exclusivement de nuit.
Développeur
Konami Industry Co. Ltd. Entreprise qui ne sortait que des tueries dans les nineties, avec du Super Castlevania IV, les Tiny Toons, Contra et autres Batman.
éDITEUR
Konami Deutschland GmbH. Oui, Deutschland. Pour publier le jeu partout en Europe, ça s'appelait Deutschland.
Turtles in Time : disponible sur Switch, via la Cowabunga Collection.
Salut cousin Walter ! À quoi tu joues aujourd’hui ? Ouah, les Tortues Ninja, j’adore trop, je regarde le dessin animé dès que je peux. Et j’ai même une figurine Leonardo avec un bras qui fait des moulinets tout seul et… Waaahohohoh, OK ! C’est mille fois mieux que les jouets et le dessin animé réunis ! Ce rythme de malaaaaade ! Ces combos de fou furieux ! Je reviens demain, après-demain et les trente jours suivants pour poncer ce jeu de ouf, d’accord ? Ah t’as pas trop envie que je vienne habiter chez toi ? Prête-moi ta console alors ! Toujours pas ? OK, je vais retourner jouer à Altered Beast tout seul dans ma chambre. Haha nan je déconne. Tu vas te farcir ma présence pour un bon bout de temps, mon gars, et pas question que tu te lasses de cette cartouche en même pas une semaine comme pour les autres. Je vais t'obliger à y jouer trois heures par jour, six jours par semaine, onze mois sur douze pour les vingt… d'accord. Altered Beast. Oui, dans ma chambre, tout seul. Pardon.
Torture de taille

Plus fun que le
dessin animé

Quand on se lance dans un beat’em all, on s’attend à transpirer et avoir mal aux pouces à force de tabasser les nombreux adversaires qui débarquent à l’écran. Turtles in Time a bien compris la leçon, un peu trop même. Ça se castagne dans tous les sens, les ennemis surgissent de partout à la fois, et on dispose d’un impressionnant panel de coups pour les neutraliser. Ouaaaaah. Je n'avais connu que le tout premier TMNT sur NES avant lui (oui, TMHT, je sais). Bah la mandale révélatrice que j'ai prise. Si vous ressentez une certaine fatigue après une rude journée, voici un traitement radical pour vous remettre en forme, ou vous achever, ça dépend de votre âge. Nous, on s’y mettait alors qu’on avait bien dormi et qu’on avait déjà la pêche ! En on se gavait de biscuits composés à 80% de sucre, aussi. À même pas huit ans. Évidemment qu'on devenait mega tarés. Le mal de tête qu'on devait refiler à nos responsables légaux, je n'ose même pas imaginer. De toute façon je ne me rappelle pas de ce qui se passait après ces sessions de folie à tabasser des petites frappes du Foot Clan.
Le cerveau a tendance à ranger les traumatismes de ce genre tout au fond d'une case bien cachée. Je me souviens bien avoir adoré faire équipe avec Walter, en tout cas. Au moins, je ne restais pas à le regarder dispenser son cours magistral sans rien faire. Quand bien même j'adorais ça aussi. On a même réussi à finir le jeu une ou deux fois. Sans doute pas grâce à moi, mais j'espère avoir un peu contribué malgré tout. Et si on perdait ? On recommençait, en choisissant Michelangelo plutôt que Leonardo ; le gameplay nerveux des tortues variait un tout petit peu les unes par rapport aux autres, en termes d'allonge, de vitesse d'attaque, de force… Ce détail nous apparaissait comme le parangon de la rejouabilité. Purée, dire qu'on pouvait s'éclater à quatre à la fois sur la version d'origine sur borne d'arcade ! Jamais vu ce graal ultime de ma vie. Pourquoi j'habitais dans une ville pleine de containers et de puits de pétrole, aussi ? Personne n’aurait osé installer une salle d’arcade dans un endroit pareil. J’y serais allé moi, pourtant.

Plus stylé que les jouets

Ce titre a clairement fait passer les Tortues Ninja de “truc plutôt cool” à “monument indépassable de la pop culture” pour moi. Donatello a remplacé Sonic à la place de meilleur ami imaginaire, et mon amour pour les beat’em all a encore pris de l’ampleur. Pourtant, je venais aussi de découvrir Streets of Rage. Sauf que si l'ambiance du titre de SEGA restait indépassable, Turtles in Time pouvait s'appuyer sur son gros background pour rivaliser. Ce jeu arrivait parfois à mettre la barre encore plus haut en termes d'identité visuelle, et pour mettre mon cerveau en surrégime (ce que je trouvais génial, visiblement). Tout y œuvre pour que les enfants succombent au régime pizza - kung-fu - graffitis et missions commando la nuit à travers New-York. Très fidèle au dessin animé (voire à certains comics, mais là ça devient trop deep pour moi), le graphisme cartoon me faisait trop rêver.
Chaque décor reprend des clichés éculés de différentes époques (du Far West au Jurassique, en passant par le quatrième millénaire), et divers quartiers pas très bien famés de la célèbre métropole américaine. Les développeurs ont pioché dans le réservoir intarissable de personnages secondaires pour pondre des boss hauts en couleurs, y compris dans les films. En tout cas ceux déjà sortis à l'époque. Franchement, voir Tokka et Rahzar, la tortue carnivore et le loup… bah carnivore aussi, ça m'a fait trop plaisir. Je devais avoir vu Tortues Ninja 2 au ciné pas longtemps avant. Et Shredder alors ? Si on l'affronte dans son design de cartoon au début, il revient en mode mutant, tout comme dans le film, pour faire office de boss final. Et il s'en sort bien, le bougre. Combien de fois on a buté sur cet obstacle tout en muscles et en métal ?


Et en magie aussi, apparemment, vu qu'il balance du feu, du froid, et aussi un rayon qui redonne aux Tortues Nijna leur apparence de petit animal fragile. Ce truc retirait une vie entière. UNE VIE ! Purée de pizza. Pour ceux qui auraient peur de s'ennuyer (ce qui n'arrive jamais), on retrouve le classique stage de l’ascenseur, mais aussi une session surf dans les égouts, ou encore du riding de disque volant dans un niveau saturé de Mode 7. Ça reste pas hyper bien exploité, mais je faisais bien mieux que de m'en contenter. Et nous voilà repartis pour des heures de fun démultiplié. Par sept. Haha. Euh, désolé.
Turtles in Trance
Tout comme le reste, la musique rend complètement barge. On dirait la B.O. du dessin animé à qui on aurait donné du mutagène (ce même produit qui a transformé de petites tortues en humanoïdes experts en arts-martiaux). Très fidèle à l’univers, elle donne une pêche de malade, au risque d’en faire parfois un peu trop. Certains passages croulant sous les arrangements survitaminés s’enchaînent plus vite encore qu’un combo de nunchakus. On finit avec les oreilles qui bourdonnent et le corps tout entier en surchauffe. Quoi qu’il en soit, à petite dose, l’O.S.T. se révèle parfaite pour se motiver à réaliser à peu près n’importe quoi, tant que cela a rapport avec la destruction ou le marravage de son prochain. Difficile de trouver plus efficace sur console 16-bits. Même en élargissant à toutes les années 90, je ne vois que Wipeout pour rivaliser. Et encore, ses compos toujours un poil sombres ne sonnent jamais aussi jouissives que celles de TMNT.
Turtles in ALL Times
Lorsque je dormais chez mon cousin durant notre frénésie obsessionnelle sur Turtles in Time, quand on ne se faisait pas agresser par les araignées démoniaques qui envahissaient la chambre, on se lançait dans une partie de Turtles in Time, puis deux, puis trois… jusqu’à ce qu’on arrive à vaincre le gros Shredder hypertrophié. On y parvenait rarement, mais mon grand mentor vidéoludique était bien content que je sois là pour lui apporter un petit coup de main (je ne le saoulais pas tant que ça en vérité, enfin je crois). Ces sessions de jeux nocturnes (on devait bien accrocher les 21h45 !), je les associe également aux fantastiques souvenirs plus matériels, de figurines et jeux de société (Battletech ou Atmosfear par exemple), avec des Termitors, et surtout des Dino Riders. Walter avait toujours de nouveaux trucs géniaux à me montrer, qu'ils soient électroniques ou en plastique. Les jouets de l’époque n’ont vraiment pas à rougir de ce qu’on trouve à la Grande Récré de nos jours (petite punchline de boomer qu’on assume tous plus ou moins).

Dans la cave, une partie non aménagée nous servait de champ de bataille géant (c’est aussi de la cave que débarquaient les araignées évoquées dans U.N. Squadron). On creusait des places fortes et des galeries à même le sol pour planquer nos personnages dedans. Deux heures après, on ressortait de là couverts de terre, mais euphoriques comme jamais. Dans mon top 5 de tranches de vie de gamin préférées. Mais j'ai totalement replongé dans ce jeu une quinzaine d'années plus tard, sur émulateur avec mon pote Randall. Et on pouvait dire ce qu'on veut, on s'amusait plus là-dessus que sur Golden Axe III (mais Mario Kart pourrait avoir son mot à dire). Et à cette époque, j'ai ENFIN compris comment balancer les ennemis sur l'écran, vers nous, comme si on se les envoyait dans notre propre tronche. Feature méga classe au demeurant, et la seule qui permettait de vaincre la première version de Shredder. J'en aurais presque pleuré de joie. Il faut savoir rester simple, sans pour autant basculer dans le cringe. Mais… j'ai basculé, pas vrai ?