Final Fantasy VIII
Jeu Pas fini du tout #2

Type de jeu
Suite de l’un des jeux les plus classes de tous les temps, respectable au point de ne pas se faire totalement éclipser par son aïeul. Un petit exploit en soi.
Date de sortie sur nos machines
Octobre 1999, bientôt l'an 2000 oulàlàlàlàlàlààààà !
Développeur
Square Co., Ltd. Un peu intouchables à l'époque, les gens.
éDITEUR
Sony Computer Entertainment Europe Ltd. Who else ?
Final Fantasy VIII : disponible sur Steam, sur le Square Enix Online Store, et sur le PSN (en version remastered).
Bon, je parle de FF VII comme l'un des plus classes de tous les temps, mais en même temps, je n’y ai jamais tout à fait joué, ni vraiment adoré ce que j’en ai vu. J'ai regardé un ou deux potes se faire la main dessus et j'ai trouvé ça sympa. Voilà, maintenant que la moitié de la planète exècre la moindre petite cellule de mon existence, je peux préciser que même à douze ou treize ans, j'avais compris à quel point ce titre légendaire avait incrusté l'inconscient collectif. En bien ou en mal, je n'aurais pas su le dire, mais quand j'ai appris que le huitième jeu de la saga allait sortir, pas question de rester spectateur. J'ai sauté dessus dès les premiers instants, ou plutôt à l'occasion d'un Noël ou d'un anniversaire. Cette fois, je tiendrais le rôle de celui qu'on regarde ! Aucune idée d'où j'ai sorti cette crise existentielle, même si je pourrais juste invoquer l'adolescence pour expliquer à peu près tout comportement étrange adopté à cette époque. J'avais besoin d'attention à cet instant précis, voilà.
Premier sur le fail

Et comme les filles n'allaient pas poser un seul regard sur moi avant trois ou quatre ans… Bon et puis, je laissais filer des suites ultra stylées entre mes doigts depuis trop longtemps. Streets of Rage 3, le successeur de Wipeout ou les enfants de Golden Axe. J’ai vite compris que tenir la manette moi-même, c'était quand même super mieux que de rester passif à regarder. Enfin non, je n'ai pas vite compris du tout, vu que ça m'a pris presque dix ans de gaming pour capter un principe aussi basique. Mais grâce à FFVII, le déclic n'a pas mis plus de quelques minutes à se pointer.
Huitième Passager

HAHA ! Alors, on fait moins les malins, pas vrai ? Bon, je raconte n'importe quoi, évidemment. Comme je ne lisais presque rien, aussi bien dans les menus que dans les encarts de dialogue, j'ai laissé passer tout un tas de subtilités dans la manière de rendre mes persos plus forts ; à commencer par la mécanique de jonction (zéro souvenir quoi), et l'action “piller” à utiliser sur les monstres, afin de récupérer des ingrédients nécessaires à l'amélioration de notre équipement. Quant à l'histoire, je l'ai bien vite oubliée. Je sais qu'elle parle d'une organisation maléfique qui veut conquérir le monde, qu'on fait entre autres face à une méchante sorcière pas si méchante que ça, et que ce “on” fait référence à de jeunes étudiants dont le passe temps favori consiste à s'envoyer chier les uns les autres.


Mon statut de pionnier vidéoludique a fichu le camp en quelques jours. J’ai bien essayé de briller de nouveau à travers le jeu de cartes intégré à la trame globale, mais là aussi je me suis ramassé. Nan mais les règles changent dans chaque région que l'on visite, aussi ! Conclusion : tout comme dans la vraie vie, mon destin de geekos ne me réservait que les secondes, troisièmes, voire quatrièmes places, jamais la première. Ah, bah voilà que j’en pleure, maintenant.
Si je ne me trompe pas, la plupart des Final Fantasy prennent place dans un univers rétro-futuriste, plutôt steampunk et souvent un peu chelou. Enfin, ça se vérifie à partir du VII je crois, et peut-être plus après le X. Et puis, ça dépend des endroits et des moments, et aussi de l’espace-temps dans lequel on se… Oh ! J'en sais rien, d'accord ? J'ai bien aimé l’atmosphère qui se dégageait de tout ça dans le VIII ! Complexe, diversifiée, et un troisième adjectif gentil que je trouverai plus tard. Les paysages statiques nous offrent ce qui se fait de plus sublime sur cette bonne vieille Playstation (Abe's Exoddus se vexe en lisant ces mots, Vagrant Story rigole, et Grandia part se cacher sous un lit en pleurant). Comme quoi, la console pouvait nous offrir autre chose que de la 3D toute en carrés et triangles, même si à l’époque on ne demandait que ça.
Jolinoa


On se surprend à rester bloqué devant une rivière coulant à travers une forêt fleurie (même si elle ne coule pas, en tant que bonne image statique), tout autant qu’au milieu d’une métropole fraîchement détruite. Bon, au niveau des assets interactifs, en 3D donc, le style se voulant réaliste n'a pas très bien supporté les ravages du temps. Aujourd’hui, je trouve même que les graphismes cartoon du VII passaient mieux. On sent qu’une vraie passion a animé les artistes à l'origine de tous ces décors. Ou un bon salaire, mais j'en doute, même chez Square. Parfois, on affronte des monstres tellement bizarres qu’on se demande si la manette ne nous envoie pas des spores hallucinogènes au visage.
De même, le design de certains personnages laisse à penser que leurs auteurs ne buvaient pas que de l’eau durant leurs heures de travail. J'apprendrais plus tard à accueillir chaque chara-design tiré de JRPG sans me poser de questions, mais pas encore en 1999-2000. Qu’on aime ou pas, ce cocktail d’étrangeté et de maestria ne laisse jamais indifférent. Et vous pouvez aussitôt ignorer cette phrase bateau toute faite qui me fait parler à la place des gens, ce qui n'est plus toléré depuis 1999-2000 non plus. En tout cas moi, j’ai adoré tabasser des droïdes élastiques, des tigres à tentacules, ou des champignons géants pourvus de mâchoires qui s'ouvrent à l'horizontale.

Nobliau Uematsu
Prononcez le nom de Nobuo Uematsu à peu près n’importe où en public, vous trouverez toujours quelqu’un qui lèvera les bras en hurlant “Eh, mais c’est trop mon compositeur préféré” ! Il faut admettre que si le gars remplit d’immenses salles de concert pour y jouer les morceaux issus de divers Final Fantasy, il doit y avoir une bonne raison. Et en effet, même si je ne trouve pas toutes ses créations à mon goût dans ce huitième épisode, il en transparaît toujours une virtuosité inimitable (ouais, même le truc entêtant qui tourne en boucle pendant ces fameuses parties de cartes). Et puis, on ne parle pas de sept compos de deux minutes chacune, mais plutôt d'un quadruple album contenant près de soixante-quinze titres. Forcément, on ne peut pas tous leur vouer un culte total. Pas sans devenir un psychopathe interdit de s'approcher à moins de dix kilomètres de Uematsu, en tout cas. Certains, comme le jingle de victoire après un combat, sont devenus limite plus célèbres que Wannabe des Spice Girls (non). Enfin, il y a les autres, majestueux, magnifiques, épiques ou beaux à en pleurer. Moi aussi, comme Squall et Linoa, j’aurais aimé subir ma crise d’ado enveloppé dans de si jolies mélodies. J’ai écouté Slipknot et Marilyn Manson à la place. Bon… personne n'a composé de bande-son orchestrale rien que pour moi, en même temps ; j'ai trouvé ce que j'ai pu.
Triste destinée
Quand on se lance dans un Final Fantasy, on sait qu’on embarque pour une aventure de plusieurs dizaines d’heures. Les semaines durant lesquelles mon addiction a perduré, le CD-ROM du jeu et ma sauvegarde sur carte mémoire voyageaient toujours avec moi. Ainsi, je continuais ma partie aussi bien chez papa que chez maman, mais également chez les potes. Je pouvais frimer devant ceux qui n’avaient pas atteint mon stade de progression, et je pouvais compter sur les copains qui avaient déjà battu tel ou tel gros boss pour m’aider à avancer dans l’histoire. Tout le monde adorait Final Fantasy dans mon entourage (à part quelques parents, dont le père de Jacky Tendax, qui passaient devant la télé et balançaient avec une fierté conservatrice des plus malaisantes :”Vous savez ce que c'est, ce truc ? Moi j’appelle ça de la merde !”). Personne n’aurait songé à jouer à autre chose, dès lors qu'un gars dans la pièce souhaitait avancer de quelques pourcents dans son aventure. Une époque sans plus de soucis à gérer que de comprendre comment causer 9999 de dégâts à ces foutus monstres si bizarres. Et pourtant, j'ai réussi à ne pas aller au bout ! J'ai bloqué au tout début du dernier disque, ou à la toute fin du troisième, je ne sais plus. À un moment où il faut fouiller la carte pour trouver un bâtiment même pas vraiment caché. J'ai cherché en long et en large, j'ai parcouru la map pixel par pixel, ça m'a pris des jours.
Je n'ai jamais trouvé. Mes potes avaient tous passé cette phase sans galérer, et voilà que je me retrouvais largué par un bug. Enfin j'ai prétexté que mon jeu était buggé, ça m'a paru plus facile à digérer que :”Ouin ouin ! Je sais même pas trouver une forteresse flottante dans un monde ouvert à peine plus grand qu'un terrain de foot !” Je n'ai pas eu la force de tout refaire du début, et j'ai abandonné. Ça m'a fait mal de lâcher un chef-d’œuvre pareil, avec ses Ge-Force ultra cool, ses rêves qui nous envoient dans le passé, le conflit planétaire aussi, même si j'en ai zappé les trois quarts. Mais déjà, d'autres légendes m'appelaient en réclamant que je m'éclate avec elles. Des petites milestones de l'Histoire nommées Gran Turismo 2 ou Tony Hawk's Pro Skater 2. Oui ! J'arrive !
