Burnout 2 :
Point of Impact
Post Nostalgie #2
L'adolescence Encore un peu Nostalgique

Type de jeu
Pas un jeu de course, pas une simulation de conduite, non. Juste un p**** d’exutoire qui réalise nos fantasmes de road rage les plus fous.
Date de sortie sur nos machines
Octobre 2002, quelques mois avant que je passe le permis. L’une des pires idées de ma vie (de jouer à Burnout avant de passer le permis).
Développeur
Criterion Software Ltd. Studio qui existe encore aujourd’hui, qui file des coups de main sur les Battlefield et les Need for Speed.
éDITEUR
Acclaim Entertainment, Inc. Bon, eux ils ont disparu par contre. Electronic Arts a récupéré les droits sur la franchise dès le jeu suivant.
Burnout 2 : disponible nulle part. Parti en poussière dans un titanesque accident, sans doute.
Alors que je fus l'un des premiers à posséder la Mega Drive parmi mes amis, la PlayStation 1 a débarqué chez ma mère à peu près trois ans après tout le monde. Je me voyais mal lancer le sujet d'un éventuel achat de la PS2 même pas deux années plus tard ; pas avant un bon bout de temps, même ! Je n'ai même pas essayé, au final. Beau-papa a acheté la bête tout seul comme un grand, et comme prévu s’en est lassé en quelques semaines. Avant de pouvoir récupérer la machine, et pour satisfaire ma soif vidéoludique en solitaire, les jeux PC remplissaient amplement leur rôle. Mais pour jouer en société, je me rendais chez Leyland Lampion, l’un de mes meilleurs amis, afin de mettre la main sur la super dernière console la plus populaire du moment. Ce fameux gars avec qui j'ai poncé les deux premiers Tony Hawk ainsi que Gran Turismo 2, et qui claquait limite des doigts pour obtenir à peu près ce qu’il voulait de ses darrons.
Démarrage en trombe

Cela revenait presque au fait que j’obtienne ce que je voulais également, vu l’énorme proportion de mon temps libre que je passais chez lui, et la similarité de nos goûts en termes vidéoludiques. Et si je ne considère quand même pas Burnout 2 comme l'une de mes meilleures expériences vécues durant l'adolescence (il y a les concerts et les beuveries devant quand même, et… bah vous savez sûrement quoi d'autre), ce pourvoyeur d'énergie illimitée a grandement participé à enjoliver mon quotidien.
Passe ton burn d’abord

Je n’ai jamais joué à Burnout 1, faisons donc comme si le 2 n’avait jamais eu de prédécesseur. Après avoir calibré nos suspensions au millimètre près et ajusté nos rapports de vitesse sur Gran Turismo 2 pendant des mois, Burnout nous a apporté un certain vent de fraîcheur et une insouciance bienvenue. Car dans ce jeu, au lieu de prendre des courbes à la perfection, ou essayer d'économiser ses pneus, l’important, c’est surtout de faire absolument n’importe quoi ! On se voit récompensé en martyrisant à peu près tous les articles du code de la route. Plus notre conduite sème chaos et destruction, plus on récolte de points ! Ainsi, on apprend très vite à rouler à contresens, frôler le maximum de voitures, faire des queues de poisson et des embardées qui engendrent des carambolages, le tout à une vitesse cinq fois supérieure à celle affichée sur les panneaux.
Combien existait-il de circuits ? De bagnoles différentes ? Aucune idée. Pas besoin d’apprendre un tracé par cœur ou de passer des heures à maîtriser telle ou telle caisse. Il suffisait de foncer et de semer la ruine partout. Pourquoi réfléchir quand on peut s'éclater sans utiliser son cerveau ? Cette manière d’appréhender le pilotage, alors que dans la vraie vie ma mère me hurlait dessus pendant la conduite accompagnée dès que je dépassais 52km/h, nous donnait déjà une pêche assez monstrueuse. Mais une section du jeu en particulier nous rendait complètement barges, Leyland et moi : le mode Crash. Allez, on oublie la course, on jarte les circuits et les adversaires. Notre voiture démarre sur une petite portion de route, genre voie d'insertion de gros périphérique embouteillé, et doit juste exploser le maximum de trucs en s'encastrant dans la circulation, si possible des gros camions ou des bus, du matos bien cher, quoi.


Le but, débloquer des trophées en atteignant des sommes astronomiques de dégâts matériels causés par le carnage. On sent que les développeurs ont bien peaufiné cet aspect du jeu, avec ralentis, différentes prises de vues pendant l’incident… etc. Avant de partir en soirée, on se passait un son de Dr. Dre ou de Limp Bizkit, et on se faisait une petite dizaine de sessions Crash. On débarquait ensuite chez les gens en pleine overdose de dopamine, alors qu’on n’avait encore rien bu. Ils se demandaient souvent quelle drogue on avait ingérée, et il n’en fallait pas moins pour qu’on se voie interdits d’entrer, si par hasard l’événement se déroulait chez des personnes qu’on ne connaissait pas bien. Du coup on faisait quoi ? Bah on retournait éclater de la carrosserie sur Burnout 2, tout en passant du System of a Down à fond, quoi d’autre ?
Rollin’ Rollin’ Rollin’ Rollin’
Mais en vrai, on écoutait surtout la bande-son officielle du jeu. En tout cas pendant nos parties. Elle collait hyper bien à la propagation de débris incandescents sur le bitume, avec ses morceaux tantôt rock un peu vénère, tantôt électro semi-furieuse, tantôt les deux à la fois. Rien d’exceptionnel quand je réécoute ça aujourd'hui, il faut croire que ce style musical a fini par faire partie du décor, ou qu’il a disparu des radars. Au début des années 2000, on nageait en pleine déferlante Nu-Metal, Fusion et tout ; la plupart des ados que je connaissais ne pouvaient pas s’en passer. Et au moins, dans le cas de Burnout, un gars a créé les compos exprès pour le jeu (Steve Emney qu’il s’appelle, le gars). Selon moi, ça vaut toujours mieux qu’une simple compilation de hits déjà existants, aussi stylés soient-ils. On se marrait aussi beaucoup sur la voix-off du mec qui présentait les circuits et les missions (en français s’il vous plaît) : à mi-chemin entre le moniteur de colo faussement enthousiaste, et le DJ de mariage ringard, mais qui se voyait cent fois plus cool que ça. “Moi j’kiffe Downtooooown !” Voilà l’une de nos phrases préférées qu'on lançait à la cantonade, dès qu’on partait en vélo ou en roller pour le centre-ville. Évidemment, personne à part Leyland et moi ne comprenait la référence, et on passait surtout pour de sacrés idiots.
Need for Change

On n’a pas lâché Burnout 2 par lassitude, je ne crois pas, vu qu’on avait développé une sorte d’addiction jubilatoire à ses penchants destructeurs. Mais à l’époque, on passait encore souvent d’un jeu à un autre, du moment qu’on en chopait un plus récent. Et dans ce cas précis, je pense que Need for Speed Underground a porté le coup fatal qui nous a définitivement fait ranger Burnout 2 dans un placard, pour ne plus jamais l’en sortir. Il ne proposait pas de mode Crash pourtant, mais il se rattrapait sur le tuning de kéké, et la possibilité de coller plein de vinyles tout partout sur la carrosserie de nos véhicules (là aussi du tuning de kéké, tout à fait). Mine de rien, je pense que l’impossibilité dans Burnout d’améliorer les bagnoles sous quelque aspect que soit, ça restait assez rédhibitoire pour moi. En l’absence de système d’évolution, n’importe quel jeu finissait par souffrir la comparaison avec les autres. Ça va mieux aujourd’hui, je me soigne, mais je risque la rechute à tout instant.