Z
Jeu Trop Marrant #2

Type de jeu
Docu Série en vingt épisodes sur des robots débiles et alcooliques, qui n'ont pas le commencement d'une idée de pourquoi ils se baladent à travers l’espace. Addictif et captivant.
Date de sortie sur nos machines
Août 1996, histoire de bien passer inaperçu alors que tout le monde squattait dans un camping quelconque, bien loin des boutiques de jeux vidéo.
Développeur
The Bitmap Brothers. Un nom de studio que j'ai considéré comme l'un de mes préférés pendant longtemps. Jusqu'à ce que j'arrête de me voiler la face, vu que je n'ai jamais testé aucun autre jeu venant de chez eux.
éDITEUR
Renegade Software. En gros, une boîte créée par Bitmap Brothers pour publier leurs jeux. Warner l’avait déjà rachetée quand Z est sorti, mais lui a laissé son nom quelque temps.
Z : disponible sur Steam, sur GOG.com et sur ZOOM Platform. Pas mal, nan ?
Pendant la récré en sixième, les conversations alternaient entre nos expériences sur Command & Conquer : Alerte Rouge ou sur Duke Nukem 3D, et ce qu’on pensait de films genre Scream ou Independence Day. À la rigueur on acceptait quelques digressions sur les derniers tubes d'Eurodance, mais pas plus. S'il prenait à quelqu'un l'envie d'évoquer d'autres sujets, gare à lui ! Il risquait à tout instant l'autodestruction de son statut, de sa réputation, ou du personnage collègement acceptable qu'il se créait. Désireux d'ajouter un peu de diversité là-dedans, ou bien totalement inconscient des dangers auxquels il s'exposait, un pote nommé Todd Linguine nous parlait parfois de Z, son jeu vidéo préféré du moment.
Changement de sujet

Nous, on restait polis en lui expliquant que ça avait l’air cool, mais qu’on s’en fichait pas mal, quoi. On ne lui disait pas, mais la question de l'évincer de notre groupe d'amis pour un tel affront fait à C&C Red Alert a dû se poser, et pas qu'une fois. Pourtant, je ne pouvais pas nier qu’une étincelle de curiosité s'allumait dans ma tête dès qu'il parlait de ces petits robots qui se foutaient sur la tronche. Vint alors ce jour où, prenant des risques inconsidérés, j'ai consenti à l'écouter un peu plus attentivement. Je lui ai fait promettre de ne rien dire à personne, j'ai attrapé le CD-ROM de Z qu'il me prêtait, je l'ai planqué plus vite que mon beau-père planquait ses dossiers dégueulasses, et j'ai installé le jeu en rentrant chez moi. Dès le lendemain, je militais moi aussi pour que cette référence fasse partie de nos débats enflammés. Voilà peut-être pourquoi on m'a dégagé de ce cercle de semi-victimes deux ans plus tard. J'aurais dû m'en douter, purée. Le pire, c'est que Todd Linguine a gardé sa place, lui. Récit romancé à environ 360%, mais quand même un peu vrai, promis.
RTS : Robots en Turbo Stratégie (j'ai pas mieux)

Même si Z a débarqué un peu avant le tsunami de jeux de stratégie qui a inondé les étagères des boutiques, on commençait déjà à avoir du mal à s’y retrouver en 1996. Les trois quarts des développeurs voulaient tirer leur épingle du jeu en sortant leur propre RTS pour espérer détrôner Warcraft II et Command & Conquer, qui captaient encore le maximum de l'audience. Les petites innovations apportées à ces différents projets qui jouaient des coudes ne justifiaient pas toujours leur prix. La perspective de laver la voiture dix week-ends de suite pour gagner les quatre cents francs nécessaires à l'achat d'une simple mécanique de jeu semi stylée, non merci (je dis non, mais je l’ai fait quand même à terme). Pourtant, ceux qui ont craqué en se procurant Z n'ont pas dû regretter ces interminables frottages de carrosserie. Ce jeu avait bien plus à proposer à nos petits esprits insatiables que des features oubliables après deux parties.
Première grosse surprise, on ne construit pas de base ! Et seconde stupéfaction, on ne récolte pas de ressources !! Que-est-ce… pardon quoi ? Rien ne différenciait autant Z d'un War Wind ou d'un Age of Empires. Au lieu de ça, les niveaux se divisent en territoires à capturer, et sur lesquels se trouvent différents types de bâtiments (ou pas). Plus on possède un nombre important de ces portions, plus les unités sortent rapidement de nos usines, d’autant plus si un nombre accru de chaînes de productions de robots ou de véhicules se retrouvent dans notre escarcelle. On pourrait donc déclarer, en prenant la voix de feu Benoît Allemane, doubleur officiel de Morgan Freeman, “qu'il existe bel et bien une ressource à collecter dans ce jeu. Et cette ressource, c'est le temps.” Jean-Pierre Quote, écrivain de citations… intemporelles.


Bon euh, reprenons. Un truc que j'adorais aussi, la possibilité de faire descendre le conducteur d'un véhicule. Ah, à moins qu'on ne puisse que s'en débarrasser en le flinguant, il faudrait que je vérifie plus tard ; en laissant planer le doute, c'est plus marrant. Donc, il faut juste retenir que n'importe quel type de soldat peut conduire n'importe quel véhicule. Et que ça donne lieu à des combos ultra cool, sachant que le dit soldat peut attaquer avec son arme propre, tout en manœuvrant, et aussi tout en tirant avec le canon de son tank. Totalement impossible en réalité, mais tellement cool. D'ailleurs, j'ai réussi à terminer l'avant dernière mission de la campagne grâce à cette technique, qui m'a permis de piquer un véhicule lourd aux méchants dès le début, alors que je recommençais le stage pour la quatrième fois.
Enfin, si la configuration des niveaux se résume à terre plate, eau et falaises, les robots peuvent traverser les lacs et rivières, et on peut détruire les parois rocheuses avec des missiles ou des grenades. Level design dynamique, mon pote ! On dirait que ça ne paie pas de mine comme ça, mais si ! Ça paie de mine, Little John. Pour moi, ces quatre idées de dingue auraient dû porter Z au panthéon des jeux de stratégie en temps réel. Mais je crois qu'il n'a pas rencontré le succès escompté, dommage.

Lenteur nerveuse

Ce jeu nous embarque dans un univers futuriste, où deux camps de robots se frittent sans relâche sur différentes planètes. Pour quelle raison ? Euh, parce que les uns ont été peints en rouge et les autres en bleu ? Je n'ai pas vu quoi que soit d'autre qui aurait pu déclencher un tel bazar dans toute la galaxie. Décidément, les machines et leurs délires expansionnistes sans aucun fondement… dans Total Annihilation, c’est pareil. Ici au moins, les graphismes cartoon apportent un peu de douceur là-dedans, et on s'attache vite à nos petits androïdes, qui nous informent de leurs actions à tout instant via un petit écran de communication. Bien plus que les humains présents dans les autres RTS, aller au casse-pipe les terrifie, les pauvres. Elles hurlent de terreur quand on les attaque, elles nous engueulent quand elles se considèrent trop faiblardes pour se mesurer à un ennemi beaucoup plus fort (elles ont raison).
Mais remporter une victoire les fait hurler de joie. Yahou ! Les cinématiques qui entrecoupent les missions reprennent tous les clichés éculés sur l'armée : capitaine ultra bourrin, soldats idiots en proie à une gueule de bois permanente (même des robots, oui oui), vocabulaire de gros beauf... Les blagues m’arrachaient parfois un sourire quand j'avais douze ans. Aujourd'hui, j'ai réessayé, j'ai eu beaucoup de mal. Cela dit, le seul autre vrai reproche que je pourrais faire au jeu, c'est la lenteur extrême de ses unités. Elles se traînent, mais à un point inimaginable ! Et elles galèrent à manœuvrer aussi, rendant la micro gestion exaspérante, même si pas impossible.


Dans le même temps, le concept même de capture de territoire avant l'ennemi nous impose un surrégime permanent. Sauf qu'on FAIT COMMENT pour sauver des situations compliquées avec des enclumes sous somnifères en guise de troupes ? Bon, j'ai moyennement apprécié qu'on fasse face à un opposant rigoureusement identique, tant au niveau du design que des types d'unités disponibles. À part la couleur bleue, quoi. Et puis pas de multijoueur non plus, ni de scénarios indépendants de la campagne. Pas de quoi faire vivre nos robots chéris très longtemps. Mais pas grave, puisqu'on se marrait bien.
Produc-son en série
La B.O. tient en quatre morceaux, en comptant celui du menu principal. Autant dire qu'on en fait vite le tour. Surtout qu’ils se ressemblent beaucoup, à tel point qu’on dirait tous un remix du même ! Les mecs ont eu la flemme ou quoi ? Ils ont eu besoin d'être trois pour pondre à peine plus qu'une compo chacun, en plus ? Vous savez comment on appelle ce genre de foutage de gueule par chez moi ? Hé ! Je déconne. Hé hé hé ! Oui, l'O.S.T. n'a pas trop mangé à la cantine, mais pas grave. Je l'aime tellement que je m'en fiche. Tout comme dans Worms, ses vibes oppressantes se marient super bien avec l'urgence qui nous tient à la gorge ; et on en vient à apprécier le ton léger des cutscenes pour souffler un peu, mais pas au point de se marrer non plus, hein. Enfin, tout comme dans Abe's Exoddus ou Total Annihilation, la bande-son réfléchit. La rythmique s'emballe durant les scènes d'actions, et nous fait faire n'importe quoi, tant la tension qu’elle véhicule nous prend aux tripes. Haha, véhicule. Comme le tank lourd que je viens de me FAIRE EXPLOSER ! Le reste du temps, elle se contente de nous rappeler qu'il y aura bientôt une nouvelle scène d'action, et c’est déjà pas mal. À écouter au format MIDI bien sûr, pour une petite touche de charme en plus. De toute façon, il n'existe pas d'autre format sonore, il me semble.
Stratégie en Vie Réelle
Todd Linguine a tellement apprécié que je prenne le temps de découvrir Z, qu'il m'a invité chez lui pour qu'on se fasse une partie ensemble. Puis au moment d'aller s'amuser dehors, on a incarné les robots du jeu, histoire de rester dans le thème. On se planquait dans son jardin, en embuscade. Celui qui arrivait à "tuer" l'autre se transformait en unité plus puissante, jusqu’à pouvoir incarner le véhicule le plus gros, conduit par le soldat le plus dangereux. Il a fallu revoir les règles toutes les trois minutes pour rendre le truc captivant, mais on a bien rigolé, ce jour-là.

Par contre, il ne m'a jamais fait revenir. Il a pourtant gagné notre petite partie grandeur nature improvisée. J'ai dû le décevoir d'une manière quelconque. Peut-être lorsqu'il m'a montré un autre RTS, Conquest Earth, dans lequel des brutasses d'humains se tapent contre des brutasses venus de Jupiter. Les Joviens. Ça m'avait marqué parce que j'avais déjà lu ce mot dans un bouquin d'Asimov. Et aussi, les mêmes unités pouvaient avoir une apparence différente, genre des bruns et des blonds. Du jamais vu ! Bon, ça ne m'a pas empêché de laisser passer ce jeu très loin au-dessus de ma tête. Enfin je crois. Désolé Todd. Si je t'ai vexé un jour de 1997 ou 1998, je le regrette très fort. Tu sais que je sors encore quelques phrases du jeu au quotidien ? Je lance un "C'est nettoyé !" quand je finis la vaisselle, ou un "Ça fume !" quand il y a de l'action ou une embrouille dans la rue autour de moi. Ben non, tu peux pas savoir, vu que je ne te l'ai jamais dit.



