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Rayman

Jeu Pas fini du tout #4

Rayman, Ubi Soft, DOS, PC, cover

Type de jeu

Condensé de féérie, plus magique que tous les contes réunis. Le personnage prend aussi plus cher que dans tous les contes réunis.

Date de sortie sur nos machines

Décembre 1995, bien après Super Mario Bros. Bien avant, euh... Hollow Knight, tiens.

Développeur

Ubi Soft Paris Studios, qui existe toujours, mais de l'eau a coulé sous les ponts, hein.

éDITEUR

Ubi Soft Entertainment Software, ça faisait tellement rêver à l'époque

Rayman : disponible sur GOG.com, et sur l'Ubisoft Store, sous le nom Rayman Forever. En gros, le jeu de base, un éditeur de niveaux et des stages créés par des fans.

Encore trop jeune pour décider des jeux qui se retrouvaient installés sur l’ordi de mon beau-père, j'ai découvert Rayman un peu par hasard, à l’instar de WipEout et, bah disons EF-2000 pour changer un peu des références habituelles. Et à l'instar de tout le reste, j'attrapais le CD-ROM, je regardais autour de moi pour m'assurer que personne ne me voyait, et je lançais le truc avec la quasi-certitude que j'allais passer un bon moment. Je me planquais à moitié car forcément, beau-papa l'avait acquis pour ma petite sœur Rebecca, et ne m'a surtout pas prévenu qu'un nouveau titre avait rejoint le disque-dur de son ordi. Mais manque de bol, elle a pris trois raclées en dix minutes, puis m'a demandé de jouer à sa place, avant de passer totalement à autre chose. Tant mieux pour moi, ça m'a laissé tout le loisir de le découvrir tranquille. Et de me prendre des raclées aussi, remarque. Je n'ai pas juste adoré parce que je transgressais un semi-interdit, en remportant une dérisoire victoire sur l'autre crasseux, mais pour tout un tas de raisons plus légitimes. La première, le sentiment d'ouvrir la porte d'un monde exsudant d'une magie totalement nouvelle à mes yeux. La seconde… euh j'en parlerai plus tard, histoire de ne pas m’auto-saborder dès l'introduction. 

Solidaire dans les dérouillées

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Révolution au pays des plateformes

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Selon une étude menée par moi-même, sur un panel de moins cinq individus, et en me basant sur que dalle, je peux affirmer ceci : l’émergence des PC avec plein de méga octets dans le caisson a permis la démocratisation d’un paquet de nouveaux genres de jeux vidéo dans les chaumières. Les valeurs sûres que l'on croyait immuables encore quelques mois plus tôt ? Mises sur la touche, écartées de la hype à tout jamais. Les plateformers ont fait partie des plus touchés, en ce qui me concerne. Je les ai zappés de mon esprit aussi vite que j'ai accueilli les jeux de stratégie dans mon cœur. Pourtant, Rayman a résisté avec brio à l’avalanche de RTS comme Warcraft II, FPS comme Heretic et jeux de gestion comme Colonization qui ont déferlé dans les ménages, sans même lui faire d’ombre du tout. Un grand bravo aux gens qui lui ont donné vie en respectant les codes du genre, tout en lui faisant subir plusieurs petites révolutions. Parmi les plus importantes, le personnage qui évolue et gagne de nouvelles aptitudes au cours de son aventure.

En tout cas, voir cette feature ailleurs que dans un RPG classique m'a paru tellement dingue qu'il m'a fallu plusieurs années pour m'en remettre. Pourtant, je l’avais déjà vue ailleurs avant dans de l'action scrollant à horizontale, notamment dans Mystic Defender. Mais ce dernier ne m'a pas enchanté du tout, plutôt révulsé en fait. Et du coup je n'ai pas fait le rapprochement. Ça arrive ; on se gratte la tête et la vie continue, j'imagine. Je persiste dans l'argumentaire sans fondement qui énonce autant de conneries que d'avis édulcorés par la nostalgie enfantine ? C'est affreux à lire ? D'accord, je continue ! Au-delà des apports aux gameplay (un peu plus variés que dans Mystic Defender quand même), ce qui porte Rayman au statut de légende reste sans conteste sa patte graphique.

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Dès les premières secondes, cette vie qui déborde des décors, aussi bien au premier qu'au second plan, m'a subjugué au point que je ne m'en suis remis que plusieurs années plus tard (comme pour le système d'évolution, oui). Jusqu'alors, si un truc bougeait dans un jeu, cela indiquait soit un objet à utiliser, soit un ennemi à tabasser (quoique ça se discute dans Ecco the Tides of Time mais bon, sous l’eau ça ne compte pas). Dans Rayman, les fleurs dansent, les papillons volettent dans la bonne humeur, tout un tas de machins gigotent... L’immersion en ressort décuplée, sans perturber l'expérience de jeu d'une seule antenne de sauterelle. Pourtant, là aussi d’autres jeux l’avaient fait avant, comme Sonic 1 et Sonic 2. Pourquoi ça m'était passé au-dessus jusqu'alors ?

Ça paraissait peut-être moins magique chez le hérisson, plus artificiel chez Robotnik. Bon, j'arrête de m'embourber dans mes contradictions avant de ne plus pouvoir m'en sortir. En vérité, je ne suis pas allé bien loin dans Rayman, voilà pourquoi je ne parle que de la forêt et des jolis champignons qui sautillent. Mais la magnificence des premiers niveaux a largement suffi à me faire voyager pour l'éternité. Et pour une fois, je tombais amoureux d’une DA joyeuse et colorée ; ça changeait un peu de tous ces univers dark et edgy qui me faisaient croire à ma nature de mec cool. Là au moins avec Rayman, pas de poudre aux yeux. Je savais où je me trouvais : parmi les doux-rêveurs qui se faisaient piquer leur goûter dans la cour de récré. Vas-y ! Console-toi tout seul en pensant à des fleurs qui dansent, gamin ! 

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Comment ça, pas du tout au bout ?

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En me basant sur mon expérience passée des jeux du même genre, je pense avoir atteint les deux tiers de l'aventure. Allez, une bonne moitié sûr et certain ! Et donc je regarde un longplay, tout fier de moi, pour me rendre compte que… ah bah non ! J'ai fait un tiers maximum, vu que j'ai bloqué pendant le monde musical, je ne sais plus où exactement. Je crois que je venais de débloquer la capacité de planer en faisant tournoyer les cheveux de Rayman. Enfin ses mac and cheese qui lui servent de cheveux, plutôt. Purée, ça change des standards de plateformers que je connaissais jusqu'alors, où on pliait le game en trente minutes. Sur YouTube, les playthroughs classiques oscillent entre deux heures trente et quatre heures ! Wohohoho ! Tu m'étonnes que la plupart des critiques font tous état du même traumatisme. Je n'ai pas rêvé à l'époque, quand je trouvais ça super dur. Dommage, j'ai raté les biomes de la montagne, du matériel de dessin géant, des grottes sinueuses, et enfin du château dans lequel habite le boss final, un sorcier qui n'avait rien de mieux à faire que de briser l'harmonie du monde tout entier.

Et oui, j'ai employé le terme “biome” qui me fait saigner des dents dès que je l'entends, mais j'en avais marre de répéter “monde” et “stage”. Ces “biomes” donc, n'ont pas à rougir de la forêt du début. J'en ai vu des passages… et difficile de ne pas regretter d'avoir lâchement abandonné Rayman quand je l'avais entre les mains. Toutes ces jolies images qui n'intègreront jamais la grande base de données de ma nostalgie, un drame d'ampleur dantesque, inimaginable pour toute personne un tant soit peu ancrée dans la réalité. Et les aptitudes alors ? J'ai raté lesquelles ? Le sprint et l'hélicoptère prolongé. Ah ouais, de quoi revenir visiter chaque bio… pardon chaque monde pour ouvrir toutes les cages renfermant des Electoons, ces petits emojis vivants qu'il faut libérer pour sauver la planète (et atteindre le 100%). En plus, il y a de la rejouabilité au sein d'une même partie. Ahlalalalalala mais ce coup de génie, quoiiiiiii !

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EN DIRECT DU PARADIS

L'O.S.T. pourrait se résumer de cette manière : un répertoire de merveilles auditives qui enchantent les oreilles, et transforment la déjà bien belle aventure en formidable balade onirique. Rien que ça, ouais. Je penserai à postuler pour la section musicale de Valeurs Actuelles, quand la démocratie aura disparu. Au cours d’une partie, j'ai souvent lâché le clavier un moment parce que je me mettais à secouer la tête, les yeux fermés, transporté par toutes ces jolies mélodies. Quand je les rouvrais, je croisais le regard affligé de mon beau-père, qui soupirait en marmonnant une insulte quelconque, avant de retourner à ses propres activités de cassos. Et puis je perdais une vie, enfin Rayman perdait une vie, transpercé par l'ignoble tube d'un non moins immonde moustique jaune et rose. J'ai dit que la D.A. frisait la perfection ? Ouais euh… pas au niveau des ennemis en fait, que je trouve tous archi dégueulasses. Nan mais les espèces d'explorateurs avec leur chapeau de débile et leur dégaine de cornichon, là. POUARGUE ! En tout cas, me laisser emporter par les jolies compos n'a pas dû m'aider à progresser à travers les stages, clairement. Là encore, je ne parle que des premiers morceaux, car je ne connais évidemment pas les suivants. Je ne les ai toujours pas écoutés aujourd'hui, trop tiraillé par la peur d'avoir raté de jolies pépites quand leur découverte aurait compté. Déjà que ça me pique le nez de visionner les niveaux que je n'ai pas faits étant gosse, alors… Même si j'admire les titres qui accompagnent les diverses zones de forêt, une autre sort encore plus du lot. Celle qui accompagne la fée qui nous file une nouvelle capacité. Je ne sais pas pourquoi un moment si joyeux devait sonner si mélancolique aux yeux des développeurs mais, OUAH ! Frissons, larmes aux yeux et sourire dénué de toute intelligence. Que demander de plus ? Un grand merci posthume à Rémi Gazel (et les autres qui l'ont accompagné) pour son travail fantastique. 

Rayman (PC) - Betilla the Fairy
00:00 / 01:25

Vers le couloir, et au-delà

L'ordinateur familial a migré de la chambre parentale vers le bout du couloir à peu près au moment de l’arrivée de ce jeu à la maison, durant la seconde partie de l'année 1996, je dirais. Voire même début 1997. Ce détail n'intéresse personne, mais j'aime bien reconstruire ma timeline mentale ; savoir à quel âge j'ai détruit les “jolis” vases en cristal de maman en jouant au foot dans le salon, par exemple. Et qu'on a fait marcher l'assurance en faisant croire que tout était la faute de Randall. Bref, cette installation informatique pas du tout pratique bloquait la moitié de l’accès à ma chambre et à celle de Rebecca, mais j'étais tellement content que je pouvais bien me compresser et me contorsionner un peu. Au moins, le PC ne suffoquait plus au fond de l'antre lugubre de mon beau-père, couvert de papiers et de slibards sales. Cette oppression malaisante écartée, j'ai pu apprécier les sessions de jeu de manière totalement nouvelle, presque aussi tranquille que devant la Mega Drive, installée dans le cocon protecteur qui me servait de piaule. Ce changement a produit chez moi le même effet que la luxuriance des niveaux traversés par Rayman : un grand vent de liberté.

C'est dingue de voir à quel point cinq mètres d'écart pouvaient changer la vie. J'aurais presque eu envie de hurler "YEAH !!" comme Rayman le fait à chaque fin de niveau. Quelqu'un sait pourquoi il a la voix d'un hooligan bourré seulement à ce moment précis ? Et sans ouvrir la bouche en plus (mais en faisant briller ses dents) ? Parce que ça m'a valu de rester interloqué un paquet de fois, même si je trouvais ça un peu classe quand la stupeur s'estompait. À noter que sur la version PlayStation du jeu, on a rajouté un “rire” semi-démoniaque à ce fameux “YEAH”. Et bah ce rire se trouve aussi dans la banque de sons d’un logiciel de création musicale baptisé Techno Maker, sorti la même année que Rayman, et qui a eu un impact énorme sur mon enfance. Sur quelle autre machine il est sorti, ce jeu ? Si une surprise comme celle-ci m’attend sur chacune des différentes consoles, je n'ai pas fini de m'éclater ! Hahahahah ! J'adore me trouver des objectifs nullissimes comme ça pour m'éloigner du quotidien de la vraie vie. C'est tellement… triste ? Ah oui triste, c'est le mot, effectivement.

Rayman, Ubi Soft, DOS, PC, gif

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