U.N. Squadron
Jeu méga Cruel #1

Type de jeu
Shooter à Scrolling horizontal servant de façade à une gestion de fonds militaires ultra top secrets... qu'on ne découvrira jamais dans leur intégralité, tellement ce jeu me rendait barge avec sa difficulté de taré ! bordel de ***** !
Date de sortie sur nos machines
Août 1989 pour l'originel sur Arcade, Juillet 1991 sur Super Famicom (au Japon, donc), et décembre 1992 pour la version PAL (en Europe), il était temps !
Développeur
Capcom CO. LTD. parce que Arcade, parce que années 80/90, donc Capcom. Et Yoshiki Okamoto en chef de projet, parce que C.V. avec Final Fight dessus, et Street FIghter II aussi, et Resident Evil, et mille autre trucs.
éDITEUR
Capcom aussi pour la version Super NES européenne, portage coorodnné par Hisashi Yamamoto, qui s'occupera également de Street Fighter II, et entre autres de Bloodborne. Ouais. Les termes sont dits je crois.
U.N. Squadron : disponible sur... aucune plateforme légale ou officielle. Débrouillez-vous avec ça.
Mon cousin (le fils du frère jumeau de mon beau-père, subtilité familiale simplifiée en "cousin") a pris une part primordiale dans mon éducation vidéoludique. Ce garçon nommé Walter Valise a toujours endossé le rôle du mentor avec application, me dévoilant une nouvelle référence de fou à chaque fois que je venais manger ou dormir chez lui. Sur NES d'abord avec Bubble Bobble, Super NES ensuite, avec Turtles in Time, Act Raiser ou encore Alien³, parmi deux cents autres trucs de fou, et enfin sur Ordi, avec Colonization, Master of Orion II ou Mechwarrior 2, parmi trois cent mille autres dingueries de barge. Il m'a aussi initié à la Nintendo 64, un chargeur de flingue de Golden Eye par-ci, une écaille de Turok par-là, mais ça n'a pas duré bien longtemps. Quand on possède l’équivalent de douze rayons de supermarché remplis de jeux vidéo, il devient tout de suite très pratique de s’ériger en érudit du sujet.
U.N. Sadique

Et même si je me délectais de chacun de ces titres, surtout sur la Super Nes que je ne possédais pas, j’ai bloqué sur U.N. Squadron pendant très, très longtemps. Bloqué dans le bon sens du terme, car le gameplay me faisait énormément plaisir. Et bloqué dans le sens littéral, car je n'ai jamais réussi à le terminer, tant il me montait en l'air, et m'éclatait au sol avec sa brutalité, sa férocité, et... et juste sa haine des joueurs, en fait.
Interdit bancaire à huit ans

Pendant des mois, j’ai donc tanné mon cousin pour qu’on y joue dès que je descendais dans sa cave aménagée en salle de jeux. Enfin jouer… ça signifiait surtout essayer de passer le troisième niveau. Déjà que je trouvais les shoot’em up difficiles, alors celui-là... Et pourtant, on ne meurt pas au moindre petit projectile clignotant qu’on se prend sur le coin du cockpit. Seulement si on s’en prend un second avant que notre avion ne reprenne ses esprits, et seulement si on perd toute notre barre de vie aussi, normal. Malgré tout, je n’en avais jamais assez de me prendre des roustes, car U.N. Squadron possédait un truc en plus de ses congénères : en récoltant de l’argent pendant les parties (il suffisait de détruire le plus de trucs possible, pas compliqué), on avait ensuite accès à un magasin où s’acheter plein de nouvelles armes et de nouveaux engins.
Impossible d’aller bien loin dans l’aventure sans économiser assez pour se payer un chasseur plus performant que le vieux zinc disponible de base. Et le vieux mécano reste incorruptible, malgré nos nombreuses tentatives de le blouser. D'ailleurs, vous avez remarqué que tous les mécanos appartiennent à cette catégorie des vieux de la vieille ? Ernest Borgnine dans Super Copter, Robert Duvall dans Days of Thunder, le gars avec sa casquette dans Alien, Kris Kristofferson dans Blade ? Bon, ça reste un détail, enfin je crois. Revenons au jeu, qui propose heureusement un moyen de se faire un max de blé, en farmant des stages spécifiques à peu près à l’infini. Avec Walter, on n’a jamais compris cet aspect du gameplay, Il aurait fallu qu'on sache aligner deux mots d'anglais pour ça. fatalement, notre expérience en a beaucoup pâti. Peut-être qu’en abusant du farming, le jeu devient faisable sans trop galérer.


Si je découvrais à peine le concept d'évolution de personnage dans les jeux vidéo (j'ai commencé doucement, avec Warriors of the Eternal Sun sur Mega Drive, huhuhu), Capcom m'a direct proposé la même chose, mais en version shooter ultra frénétique. Forcément, ça m'a un peu cassé le cerveau. Les missions sur le terrain devenaient donc de simples prétextes pour récupérer des thunes et la dépenser dans le hangar dédié. Enfin, pour ajouter encore un peu de rejouabilité, trois pilotes différents proposent leurs services, avec des spécificités bien particulières. Le classique mec chiant mais équilibré, le foufou fantasque, plus rapide mais plus fragile, et le vétéran bourru, plus lent mais plus résistant. Nickel. Sur Arcade (le jeu s'appelle alors Area 88, parce que, on a le droit), chacun possède son propre avion, mais personnellement, j’ai préféré avoir le choix entre les six modèles de la version Super NES.
”Nous sommes en guerre !” Merci à notre Manu national d'avoir rendu cette phrase virale, lors du premier confinement face au Covid-19. Bon, on ne sort par l'artillerie lourde pour cramer des virus, ici. Nous voilà propulsés dans un jeu de tir d’inspiration réaliste, situé dans un futur proche. Un futur proche selon sa définition à la fin du XXème siècle, alors. car si on se chamaille avec beaucoup de petits avions de taille raisonnable, on se fait assez vite canarder par des véhicules complètement improbables, comme des tanks, sous-marins et bombardiers de la taille de forteresses, et des forteresses plus grandes que la Seine et Marne. Et dès qu’on teste deux ou trois missiles achetés chez le vieux mécano du magasin, on part dans le turfu le plus barré.
Matériel de pointe très pointu


Le mec n’a vraiment pas la tronche à vous vendre des grenades laser qui vaporisent l’écran tout entier et pourtant… il en a dans le caisson, le vieux briscard. Sans surprise, plus on progresse, plus les niveaux dévoilent des configurations oppressantes, et les ennemis innovent toujours plus dans leur manière d’agresser le joueur. Le conflit se déroule sur Terre ? Ah, pendant la quinzième guerre du Golfe, alors. Cela dit, on en avait déjà vu d'autres, à l'époque. La plupart des ressortissants de la génération Y ont découvert les jeux vidéo avec un plombier mangeur de champignons géants, qui joue au foot avec des tortues et pousse dans la lave tous les gens qu'il croise ! Et on en parle, du hérisson bleu qui court plus vite que n'importe quel avion hyper boosté de U.N Squadron ?
Munitions de cuivre
Manami Matsumae nous fait l’honneur d’avoir composé cette B.O. riche en rebondissements (remercions-la également pour son travail sur quelques Megaman, le premier Final Fight et le mythique Shovel Knight). Les morceaux nous donnent l’énergie nécessaire pour subsister à l’assaut prolongé que l’on doit mener pour vaincre nos innombrables ennemis (plutôt jusqu’à se retrouver à court de vies, en vérité). Il me semble qu'on perd quelques compos dans la conversion sur super NES, notamment celles de certains boss. On perd aussi en potentiel de secouage de tête. Il faut dire Yoshihiro Sakaguchi a utilisé des instrus qui ont très mal vieilli sur cette console, et sans doute que personne ne pouvait le savoir à l’époque. Nan mais tout de même, ces riffs de guitare tordue ou cette trompette malade, y a-t-il vraiment quelqu’un qui peut encore les écouter aujourd’hui sans rien casser ? Bizarrement, oui. En tout cas, moi je peux. J’ai entendu beaucoup mieux sur la Super NES par la suite (principalement dans le domaine du RPG, Secret of Mana en tête) mais bon, l’absence d’esprit critique aidant, on adorait et basta. L'intro et le thème du premier stage résistent malgré tout au passage du temps. Évidemment, ça sonne mieux dans la version d’origine. Mais même mon cousin n’avait pas la borne chez lui. Remarque, Ça ne m’aurait presque pas étonné qu’il possède sa propre salle d’arcade.
Arachnea 88
Les soirées passées à pioncer chez mon cousin font partie de mes meilleurs souvenirs d’enfance, même si cela comportait tout de même quelques désagréments. Le premier, devoir supporter les remarques déplacées de ma mère, qui je n’ai jamais trop su pourquoi, n’aimait pas du tout Walter. Le second découle du fait que sa chambre se situait au sous-sol, accolée à une cave plus ou moins réaménagée, et pas tout à fait isolée. On jouait avec ses dizaines de chevaliers Playmobil, à la première console, à l’autre console, on regardait un film, on sortait un jeu de société obscur mais merveilleusement cool, on rallumait la deuxième console, et on consentait à dormir au cinquième avertissement lancé par ses parents. En fait non, on ne dormait pas, car par les nombreux trous dans le mur qui coïncidaient avec la cave et l’extérieur, se faufilaient trois ou quatre araignées par nuit. Je ne parle pas des petites mignonnes comme les jolies sauteuses qu’on a vu faire le buzz sur internet dans les années 2010, mais de gros tégénaires poilus et plus énormes que notre tête, attirés par l’odeur de chair fraîche d’enfant.

Elles me terrorisaient, bien aidé par Walter qui hurlait encore plus que moi, et qui m’a sûrement rendu quasiment arachnophobe jusqu’à mes vingt-huit ans. Alors du coup, pour se rassurer, on débriefait nos cuisantes défaites sur U.N. Squadron, en espérant faire mieux le lendemain. “Et si on économisait jusqu’à acheter cet avion qui peut porter cette arme, est-ce qu’on va réussir à passer ce tunnel rempli deeuuuaaAAAH UNE ARAIGNÉE SUR MA COUETTE !” Sauf que j’avais sept ou huit ans, et je ne servais pour ainsi dire presque à rien, dans ce jeu qui réclamait d’avoir des réflexes supraluminiques. Alors on bloquait sur les mêmes obstacles, malgré nos conversations répétées et nos multiples sueurs froides. Des années plus tard, j’ai de nouveau essayé de dompter U.N. Squadron sur émulateur. J’ai vite laissé tomber, aveuglé par les images mentales d’arachnides qui me sautaient dessus pendant mon sommeil.