Pitfall : the Mayan Adventure
Jeu méga Cruel #5

Type de jeu
Manuel du parfait petit braconnier, masqué par une vitrine de jolies sprites vantant la puissance graphique de la Mega Drive.
Date de sortie sur nos machines
Décembre 1994, Without You de Mariah Carey, the Sign d’Ace of Base, et Lost in Love de Legend B, yeeeeeeee !
Développeur
Activision, Inc. quand ils représentaient encore le camp du bien.
éDITEUR
Activision, Inc. copié-collé de la ligne du dessus et on avance.
Pitfall : the Mayan Adventure : disponible nulle part ! NULLE PART ! Même au plus profond des plus profondes jungles mexicaines. La Wii l'a eu en 2009, et plus rien ensuite !
Entre lui et Ecco the Tides of Time, je ne sais plus lequel peut prétendre au titre de dernière cartouche Mega Drive que j'ai possédée. On m'avait ensuite prêté Mr. Nutz et le Roi Lion aussi, mais si j'ai bien essayé de me faire très discret, leurs propriétaires ont toujours fini par les récupérer. Pitfall rallonge encore la liste des plateformers mâtiné d'action de ma ludothèque, mais qui m'a mis une tarte tant je le trouvais beau. Plusieurs tartes même, vu que je le relançais toujours pour admirer ses pixels. Avant que je ne cherche à retomber en enfance, pas sûr que j'aie réussi à rejouer à des plateformers plus anciens par la suite. En fait si, puisque je viens de dire Mr. Nutz, bravo. Je ne me souviens pas de pourquoi on nous avait acheté ce jeu précis, à ma sœur Elena et moi. J'aimerais bien entendre le raisonnement de nos parents à l'époque. La première boîte trouvée dans les rayons d'Auchan ? Possible. Et oui, on achetait nos jeux Mega Drive à Auchan.
Pré-Colom-très-bien

Il n'y avait pas de Virgin Megastore au Havre, la Fnac n'a existé qu'à partir de 1999. Oui, on buvait aussi du pétrole brut directement dans les réservoirs construits sur le port, qu'est-ce qu'il y a ? Bref, ce Auchan, je l’aimais trop. J’aimais bien y aller, car si ma mère y passait minimum quatre heures, j’y achetais non seulement mes cartouches MD, mais aussi mes G.I. Joe, mes dinosaures Jurassic Park, et c’est là que la France entière venait se fournir en alcool. Ah non, juste les Havrais ? Bah purée… sacrée descente. Autre scénario possible qui a mené à l’arrivé de Pitfall chez nous : mon beau-père qui se met à racheter une cartouche pour lui-même, la première depuis trois ans, lors d'un des ses épisodes délirants où il se comparait presque premier degré à Indiana Jones. Oh là là la cringance, j’en ai des frissons rien que d’y repenser. Mais tant mieux pour nous ! L'important c'est qu'on a pu y jouer avec Elena, et qu'on a vachement bien aimé massacrer toute la faune de cette jungle d'Amérique, et encore plus voler tous les trésors des Mayas. Hum, j’aurais peut-être dû formuler ça autrement.
Un blocage inventé ?

Quatrième opus de la franchise ayant vu le jour sur l'ancêtre Atari 2600, the Mayan Adventure embarque le fils du protagoniste original dans la forêt mexicaine (j'imagine), justement à la recherche de son darron (il me semble). Bah ouais, à force de fouiner partout pour piller des trésors et des machins précieux, il a énervé les mauvaises personnes, le padre. Le voilà qui se fait enlever par une main griffue pendant la scène d'intro. Mais bon, on ne va pas le laisser crever. Notre avatar ne s'est pas embrouillé avec son père comme la moitié des gens de son âge et de ma génération, alors on va bien devoir le sauver, hein. Ça change des meufs qui se font kidnapper juste parce qu'elles sont des meufs, remarque. Alors même s'il a fait des conneries dans sa vie, même s’il a été absent plusieurs mois dans l’année et qu’il a loupé neuf noëls sur douze, allons porter secours au papa en détresse.
En s'équipant un peu mieux que lui cela dit, qui a toujours fait son branlos à voyager les mains dans les poches. Là, évidemment on peut sauter et s'accrocher aux lianes comme Pitfall senior, mais aussi lancer des pierres à l'aide d'une fronde, frapper sans pierre avec la fronde, et faire exploser des sortes de grenades qui font mal à quiconque oserait apparaître à l'écran. Jamais compris ce que c'était en vrai, ces grenades. J'appelais ça des grains de café. Je savais bien que le café ça n'explose pas, mais à force j'ai presque fini par y croire. Je me faisais bien tirer dessus par des appareils photos dans Bomber Raid, et je mangeais des baignoires dans Rampage, alors je n'allais pas m'émouvoir pour du café explosif. Tout un arsenal pour buter singes, serpents, plantes carnivores et jaguars, bien sûr ! OK, toutes ces choses nous égorgent à vue, mais on leur pique leur café, aussi.


Normal qu'elles se sentent un peu à cran. On ramasse aussi des statuettes et autres pyramides en métal précieux sur la route, l'autre darron peut bien attendre un peu qu'on joue les “archéologues”. Mais tout ça, c'est du pipi de coati comparé aux lieux clos, dans des mines sombres et truffées de pièges. D'ailleurs, je n'ai jamais terminé ce jeu. Dans mes souvenirs, j’ai toujours fini bloqué devant un mur invisible, dans un de ces niveaux souterrains, à moins que ça ne soit un temple. Tout ça parce que je n'avais pas ramassé toutes les lettres P-I-T-F-A-L-L disséminées dans les stages précédents. Plusieurs fois, j'ai recommencé en espérant ouvrir cette porte magique, mais je n'ai jamais su où se trouvaient les collectibles demandés. Il m'en manquait toujours un ou deux.
Évidemment, je n'ai pas pris la peine de lire une soluce. Je ne lisais jamais de soluce, à moins qu’on aille la chercher pour moi et qu’on me la mette sous les yeux. Et pourtant, je ne retrouve pas ce souci dans les différentes vidéos de playthrough que j’ai regardées. Les lettres ne servent en fait qu’à débloquer la vraie fin du jeu (juste un message qui dit qu’on a vraiment, vraiment gagné). Personne n’en parle non plus par écrit. Pourtant je me rappelle bien de ce blocage, ça m’avait tellement frustré ! Ça m'a fait lâcher le jeu, alors je n’ai pas pu me tromper à ce point ! Si ça n’a jamais existé, je ne vois que mon esprit pour avoir modifié ma mémoire contre mon gré, pour me faire oublier que j’étais juste mauvais. J’ai déjà mis beaucoup de temps à battre les deux jaguars faisant office de boss à environ la moitié du jeu, alors possible que j’aie lâché l’affaire. De toute façon, si je perdais espoir, Myst et Worms m'attendaient sur le PC dans la pièce d'à côté.

Pitfall : The Mayan Extinction

J'ai du mal à placarder une identité au jeu. Et je ne parle pas de toute la phase où on se retape le tout premier Pitfall en boucle infinie, sorte de cameo marrant mais interminable. Je veux dire, y a limite pas plus beau que lui sur MD, pas même Aladdin ou le Roi Lion. Les animations claquent à fond, les décors fourmillent de détails. Mais ça paraît fade quand même. Ça manque d'un truc, je ne sais pas trop quoi désigner exactement. On sait qu'on s'embarque dans une aventure énigmatique et dangereuse, mais on ne le ressent pas. Enfin pas moi en tout cas. La jungle ne paraît pas si dangereuse, les temples ne font pas flipper et les mines n'oppressent pas assez. J'ai dit l'inverse tout à l'heure ? Bah oubliez tout le début ! Je crevais souvent, pourtant. Et j’aime l’atmosphère générale malgré tout. MAIS je me plains quand même. Peut-être qu’on transcende la peur car on ne fait que vaporiser la biodiversité et piller des trésors
Ou peut-être que je ronchonne juste plus que d'habitude. Je ne sais pas, j'y trouve un manque de renouvellement, aussi. On revisite plusieurs fois les mêmes zones, graphiquement parlant. Et puis le boss final ne rattrape rien, ce gros golem tout lent. Lui contrairement au reste, il est grave cheum la life (expression déjà ringarde en 2013, je sais). Je ne l'ai jamais vu durant mes propres parties, mais la plupart des critiques s'accordent là-dessus. Ça n’empêche pas Pitfall d’appartenir aux très bons jeux, ça le prive juste d'accéder au panthéon des ultimes tueries de malade. La subjectivité, tout ça…

Musique antique
Oui alors mais voilà aussi ! Je pense que la musique n'aide pas à s'immerger dans cette Mayan Adventure. Un peu comme les environnements qu'on vide de toute vie animale, les morceaux ne se distinguent jamais vraiment. Certes, ça ressemble pas mal à l'idée que je pourrais me faire de ce que jouaient les Mayas lors de rituels pas clairs, avant que les conquistadores ne viennent s’immiscer là-dedans avec leurs gros escarpins métalliques. À moins que je croie cela parce que mes seules sources musicales de cette région du monde à cette époque proviennent justement de cet unique jeu. En tout cas, dans l'éventualité où la B.O. colle bien à la réalité, j'aurais préféré un peu d’extrapolation. Comme dans Age of Empires par exemple, qui squatte facile le top 10 des meilleures O.S.T. de tous les temps dans mon cœur. Je n'arrive pas à bien capter qui a bossé sur ces compos toutes en percussions. Il semblerait qu'une boîte nommée Soundelux Media Labs les ait signées. Et le nom de Matt Furniss apparaît juste en tant que sound design, hors musique, donc ? Bon, de toute façon je ne vais pas stalker le profil LinkedIn de ces gens pour leur dire qu'ils auraient pu mieux faire. Je laisse aux fachos débiles le soin de passer des heures à emmerder les gens sur internet. Mais voilà ; un ou deux morceaux comme ça, parfait. Une dizaine, ça fait un peu beaucoup. Sérieux, lâchez ces tambours et prenez des synthés, les gars. Bon d’accord, depuis vous avez bossé sur des licences de dingue Mechwarrior II et suivants, Bayonetta, Resident Evil 4 et 5, Devil May Cry, Monster Hunter… il y a trop de trucs !! Bon alors, je me trompe sûrement, hein.
Hommage post-consolem
Après de nouvelles recherches, j'ai appris qu'il existait un bug très handicapant. Si on changeait les contrôles dans les otpions du jeu, on se retrouvait bloqué au niveau du train de la mine. Tiens tiens, ça ne serait pas lié à ce qui m'est arrivé ? Je continue de trouver ça bizarre, car d'une, ça voudrait dire que je changeais toujours les contrôles quand je jouais, et de deux, il semblerait que ça ne concerne que la cartouche américaine. Que j'aie possédé cette version et pas la version PAL me paraît hautement improbable. La console lisait-elle le Pitfall américain ? Pas sûr du tout. En tout cas, ça me donne une piste à explorer. Allez, partons du principe que Pitfall fut mon ultime jeu MD. Ça ne change pas grand-chose à la frise vidéoludique de ma life, déjà pleine de trous et d’anachronismes. Je n'arriverai jamais à la recréer totalement, de toute façon. L'arrivée du Pentium 75 de beau-papa aura sonné le glas de ma console chérie, même si elle lui aura techniquement survécu pour subsister jusqu'en 2002 ou 2003 (l’ordi, il a subi maintes updates, améliorations et liftings, trop facile). Je ne jouais alors plus qu'à ce bon vieux Warriors of the Eternal Sun depuis plusieurs années. Une belle épopée démarrée avec Altered Beast et achevée avec ce Pitfall, donc.

Que de chemin parcouru sur la machine de SEGA entre les deux, que de souvenirs de fou qui m'auront grillé le cerveau à vie avec le sceau de la nostalgie, le tison de la magie de l'enfance, et le fer rouge du passé qui était mieux avant. Elle fait partie de mon top 3 de ces trucs que j'aurais dû garder de mes nineties chéries. Avec les Monsters in my Pocket et les cartes Power Level de Dragon Ball. Ce trio de merveilles dans ma chambre pouvait me faire digérer n'importe quelle crise de rage de ma mère, n'importe quelle humiliation malsaine de mon beau-père, et n'importe quel rateau au collège. OK, peut-être pas n'importe quel rateau, vous-mêmes vous savez, les trente filles qui m’ont ri au nez (et à raison, j’avoue). Merci, ma console pref all-time. Tu aurais mérité un temple à ta gloire, pour tous les souvenirs heureux que tu m'as laissés. Au moins un joli placard qui sent bon le bois rare du Mexique, en tout cas.



