duke Nukem 3D
Jeu ultra Cool #4

Type de jeu
Ode à la beauferie sous toutes ses formes, ainsi qu’à la violence sans retenue. Un condensé de ce qui se faisait de pire (et aussi de plus cool) dans les années 90.
Date de sortie sur nos machines
Avril 1996, ou Février, ou Septembre, je ne sais plus quelle version j’avais parmi les dix mille qui existent.
Développeur
3D Realms Entertainment, Inc. Ce qui ne lui a pas pris
FOREVER à sortir. Hehehehehehe
éDITEUR
3D Realms Entertainment, Inc. qui n'en finit plus de se faire racheter, vendre, rebooter et revendre. Jolie résilience, cela dit.
Duke Nukem 3D : disponible sur Steam ( 20th Anniversary World Tour), et sur Zoom (Atomic Edition). Pas du tout assez pour un jeu de cette trempe !
Un beau matin, en arrivant au collège, mon meilleur pote Randall Geyser me salue en me parlant bizarrement. Il a pris une voix suave et graveleuse à la fois pour déblatérer des inepties en anglais, un sourire débile lui barrant le visage. Pourquoi avait-il autant changé, aussi vite ? Il m’a dit que je comprendrais en venant chez lui pour jouer à son nouveau jeu préféré. Quelques jours plus tard, après avoir passé le samedi devant son PC, je faisais l’idiot tout comme lui. Car j’avais subi le lavage de cerveau imposé par une partie de Duke Nukem 3D. J'ai aussitôt copié son disque avec le fantastique logiciel Nero Burning ROM pour y jouer aussi chez moi, parce que même s'il faisait partie des FPS, genre que j’affectionnais plutôt très peu, impossible de passer à côté d'un monument de la pop culture comme celui-là. “Come Get Sooooome !”
La voix qui mue

Les bras qui gonflent

Selon moi, Duke Nukem 3D reste le digne successeur de Doom 2. Je veux dire, avant on parlait de Doom 2, et après, on ne parlait plus que de Duke Nukem. Dans mon entourage de préados gamers semi-asociaux, ça s’est en tout cas passé comme ça. Depuis le point de vue interne de notre personnage (dont on ne voit que les mains, mais dont on sent toute la testostérone), on bute des extraterrestres, et pas des démons. À part ça, le principe reste le même que dans Doom : on dispose d’un arsenal conséquent, de bonus et équipements divers et voilà. On déboite alors tout ce qui bouge dans des niveaux plus ou moins bien foutus, et surtout bien foutus en ce qui concerne ce jeu précis. De l’action pure, quasiment permanente, abreuvant le joueur d’explosions, de bouts de chair d’alien et de gros bordel innommable. Si vous avez des enfants turbulents, mettez-les devant ce jeu. Une heure plus tard, ils tomberont de fatigue et vous laisseront tranquilles jusqu’au lendemain.
Par contre, il existe une probabilité non négligeable que cela fasse d'eux des ignobles machos pour le reste de leur existence ; à vous de poser le pour et le contre dans l’histoire. Avec Randall, on a pris le risque, mais sans le dire à nos parents, hein. Me mère ne m'aurait jamais autorisé à me vautrer là-dedans à onze piges. Mais comme son angle mort se situait toujours au niveau de l'écran du PC peu importe où elle regardait, j'étais large pour tester tout et n'importe quoi. A-t-on basculé du côté sombre de la masculinité débridée pour autant ? Ah bah euh, pendant un temps, oui ! Complètement. Mais on faisait surtout comme tout le monde autour de nous, en suivant la norme dans les années 90. Et tout le monde autour de nous ne jouait pas à Duke Nukem 3D. La responsabilité ne lui incombe pas à lui. Pas seulement. N'empêche qu'on a voulu s'acheter des grosses chaussures pour mettre des gros coups de latte à tout le monde, ça c'est certain.

Les pectoraux qui explosent

Si à l’époque, cela nous convenait parfaitement, le gameplay ne brille pas par son originalité. OK, on nous laisse nous amuser avec tout plein d’armes aux capacités diverses, comme le lance-roquettes, le double lance-roquettes, le congélateur volé à Mr. Freeze, ou le réducteur chapardé à Rick Moranis, mais ça reste du bourrinage en règle comme on en faisait déjà depuis Wolfenstein. Oui, on s’en contentait, non, on n’en demandait pas plus. Et pourtant, on a eu bien plus que ça. Dès les premières secondes, et tout au long de notre périple, Duke Nukem déploie son réel atout, à savoir un humour DÉ-CA-PANT ! Les mecs bien dans vos calbutes, vous allez vous esclaffer à en perdre vos chaussettes. Les meufs, un peu moins, désolé. Les punchlines que le personnage balance au long de son périple participent grandement à l’immersion. Cela dit, ce second degré très particulier a très mal vieilli. Et encore, en grand amoureux des nineties, j’émets sans doute un jugement beaucoup trop indulgent.
Si aujourd’hui, les boutades qui ponctuent l’expérience vous font encore marrer comme un tordu, c’est qu’il faut sans doute suivre un petit stage de déconstruction. Oh ! Oh ! Oh ! Les bonnes blagues sur les boulards et sur les prostituées ! Hé ! Hé ! On peut pisser dans des chiottes, et ça fait grogner notre avatar de soulagement, juste après qu'il ait flingué un alien justement assis sur ces mêmes toilettes. Et après avoir flingué des strip-teaseuses, aussi. PFOUAHAHAH EXPLDRRRRR ! Mais ouais, ça nous faisait effectivement rouler par terre de rire. Trouvait-on plus amusant et plus subtil, au crépuscule du XXème siècle ? Même pas sûr du tout. Y a qu’à voir n’importe quel épisode du Bigdil pour comparer, ou l’humour de Men in Black, ou d’Independence Day (déso Will Smith, rien de personnel), ou les blagues de tonton José sur les gonzesses pendant les barbecues ; bah Duke Nukem ne paraît plus si basique, tout à coup. On a juste oublié à quel point on nous servait le même genre de soupe partout, tout le temps, peu importe où on regardait.


Pas besoin d’aller gratter dans les tréfonds les plus cringe de l'audiovisuel. Le combo “mec rigolo” qui voit une “jolie femme”, ça donnait toujours la même chose, et on savait qu’on allait bien se bidonner, HAHAHA ! Au moins, rien ne se prend au sérieux dans Duke Nukem, même si euh, le registre très lourdingue a de quoi agacer aujourd'hui. Enfin, j'espère pour vous que vous trouvez ça lourdingue. Et puis, on avait plein d’autres trucs à faire à côté, comme exploser nos ennemis -on l’a déjà évoqué-, mais aussi explorer des stages ultra bien conçus et parfois même un peu flippants. Découvrir des dizaines de secrets, et se faire bolosser par ces enflures de drones, aussi. En tout cas, je n’ai jamais rien vu d’aussi délirant et bien fignolé dans le genre. À part Blood, peut-être. Mais dans un autre style. Ouais, Blood fait bien pire (et donc mieux) sur tous les plans, en fait. Sauf que je trouve ça toujours aussi marrant.
Je passe mon temps à dire que je rigolais avec Duke Nukem (Duc Nuquème, d'ailleurs). J'aurais peut-être dû le caler dans les jeux marrants. Sauf que dans l'absolu, il rendait ultra cool tous les gosses qui passaient cinq minutes dessus. Mais cool grâce à quoi ? Son humour, nan ? Bah ouais, pas que, mais ouais. Rah, je sais pas, peu importe !

Le soufflet qui retombe
La musique ne m’a pas laissé de souvenir impérissable, loin de là. Peut-être étais-je trop occupé à m’esclaffer, ou à épargner à mes tympans le fracas des missiles détruisant des immeubles entiers. En me replongeant dedans, je pense pouvoir affirmer que le compositeur Lee Jackson n'a rien d'un grand mélomane. Ah il a étudié la musique à l'université ? Il a créé les soundtracks d'une quinzaine de jeux ? Il a joué dans des orchestres et tout ? Euh, eh bien toutes mes excuses pour l’analyse foireuse. J'avoue que Grabbag, le morceau d'intro, il envoie du steak. Du steak trop cuit bourré d’O.G.M., et au bilan carbone désastreux, mais d'accord. Concernant la poignée de morceaux restants, je trouve qu'ils se terminent trop vite, sonnent trop lourd, et ne varient pas assez, donnant l’impression d’avoir vu le jour entre deux vannes potaches. Pourtant, il y avait moyen de composer des chansons bien plus imprégnées de beaufitude que ça, non ? Je n'ai jamais intégré d'orchestre, moi, donc prenez mon jugement avec des pincettes, mais je crois qu'on aurait pu aller plus loin dans le délire. Ma nostalgie vous en veut à mort, bande de branques ! Bon, vous trouverez toujours une armada de fanatiques pour aduler le travail de Lee Jackson, et peut-être qu’il mérite mieux que ma critique à peine argumentée, qui sait ? Pas de ma faute si les meufs en bikini, les citations de notre protagoniste, sa magnifique coupe à la brosse, et les tronches enfarinées des monstres m’ont trop distrait pour apprécier le reste. Pour la peine, je vais partager le seul autre morceau qui m’évoque quelque chose, à savoir pas mal d’angoisse et de stress. Je l’aimais beaucoup pour cette raison, bien sûr, surtout en format MIDI, pour un minimum de finesse.
Les cou... yeux qui brillent, pardon
Un an avant qu’un super pote de vacances nommé Stanley Doritos ne mette la main sur Total Annihilation, il s’abrutissait lui aussi devant Duke Nukem 3D. Il le connaissait bien mieux que moi, notamment au niveau des petits détails qui faisaient la réputation de ce jeu d’un autre temps. Parmi ces fameux détails, le fait que l’on pouvait donner des billets aux prostituées disséminées à travers la plupart des niveaux… pour qu’elles montrent leurs seins. On parle d’une animation qui durait une seconde, sur des personnages hyper pixellisés. Mais pour des préados biberonnés aux sprites 8 et 16-bits comme nous, cela représentait une sorte de panthéon de la luxure difficile à détrôner. Mieux que les films pour adultes de Canal+ regardés à travers une passoire, ouais ouais. Et bien mieux que le jeu de strip poker sur l’Atari ST de Randall, ouais ouais ouais. Purée faut que je fasse gaffe, je recommence à vriller comme en 1996. En bons petits crétins de préados (sauf votre respect, les gosses, mais vous craignez tous à cet âge, et je m’inclus ainsi que toute ma génération dedans), on tentait de placer notre personnage à la limite de la distance d’activation, histoire que la dame apparaisse la plus nette possible. Et on pouvait rester cinq, dix minutes à balancer des billets en répétant “Ouaaaaaaaah !” à chaque apparition des nichons tant désirés. J’adore les années 90, hein, mais il y a un paquet de trucs que j’aurais aimé oublier.

Quoi qu'il en soit, le gros patron à ce jeu, c'était Randall Geyser. Il l'a terminé dans tous les sens, et dans tous les modes de difficulté. Il m'avait gardé des sauvegardes de ses parties juste avant les boss finaux de chaque stage, juste pour le plaisir de me spoiler. Nan j'exagère. Il ne m'a rien spoilé du tout, vu que je n'avais pas dépassé la moitié de chacun des niveaux, en difficulté Let’s Rock de surcroît. Et oui, il connaissait aussi le truc avec les billets et les prostituées. Il trouvait ça cool aussi, mais pas au point de passer sa journée dessus, quoi. Enfin, j'ai aussi assisté à ce moment improbable où, en pleine bourre avec son jet-pack, il a atterri dans une zone secrète où un simple message accroché au mur nous demande :”Comment avez-vous fait pour arriver là ?” Qu'est-ce que ça nous a fait marrer ! Ah bah ouais, l'éclate totale ce jeu, je vous avais prévenus, hein ! Mais euh, désolé, je préférais quand même la session billets donnés aux danseuses avec Stanley. Les préados bordel…



