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Columns

Jeu Obsédant #5

Columns, Game Gear, cover

Type de jeu

Tetris du pauvre, mais seulement d’après les fanatiques de Tetris : des gens dénués de toute capacité de jugement.

Date de sortie sur nos machines

Avril 1991, je ne savais même pas encore que la Game Gear existait

Développeur

SEGA Enterprises Ltd. Le contraire aurait été étonnant

éDITEUR

SEGA Enterprises Ltd. L'inverse aurait été époustouflant

Columns : disponible sur aucune plateforme de rien du tout dans sa version Game Gear ou Master System, alors que c'est celle qui affiche les plus beaux fruits !

Bien que j’aie découvert la saga Columns sur la Mega Drive chez un pote de primaire nommé Patrick Crèmerie, la version Game Gear a eu droit à tout mon amour. Je fais en effet partie de ces gens bizarres qui ont possédé une Game Gear. Tout vexé de voir ma grande sœur Elena Vestibule égayer ses vacances avec sa Game Boy, j’ai dû réclamer son équivalent de chez SEGA, et alors que je n’y croyais pas du tout, je l’ai obtenue ! Je ne me souviens même plus comment, peut-être pour mes sept ans, en 1992. Ainsi, je pouvais assouvir ma soif de jeux vidéo hors de la maison, y compris quand Elena n'était pas là, par exemple à la plage ou à la montagne. La baignade et le ski pouvaient bien attendre un peu. En plus, son écran minuscule affichait trente-deux couleurs ! Face au noir et vert grisâtre de la Game Boy, ça semblait tellement mieux ! Columns faisait partie du package, et la console ayant coûté un bras à mon père, je n'ai pas eu d'autre jeu dessus pour un bon bout de temps. Au début, j’ai un peu grommelé, pensant avoir à faire à un clone de Tetris que j’avais déjà bien rôdé.

Gemmes 8-bits

Columns, Game Gear, main menu

En fait non, j'ai même largement préféré Columns à Tetris au bout de quelques minutes. Peut-être avais-je besoin de me convaincre d’avoir fait une affaire de dingue ; peut-être voulais-je moi aussi me la raconter en possédant ma propre légende sur cartouche. En tout cas, l'effet placebo a fonctionné. Excusez-moi, est-ce qu’on peut multiplier la durée des vacances par vingt ? Je vais avoir besoin de temps, là. Désormais, j'avais pour objectifs de terminer ce jeu, mais aussi de prouver au monde entier que la vraie tuerie intemporelle du jeu vidéo, elle s'appelait Columns et pas Tetris. Sans surprise, je n'ai accompli aucun des deux.

Règle de trois

Columns, Game Gear, gems

Pas trop besoin d'expliquer le concept de Tetris, j'imagine. Ça parle de formes qui tombent, quoi. Ça devrait suffire. Chez Columns, les pièces ressemblent toutes à… ouais, à des colonnes, quoi. Trois "gemmes" empilées les unes sur les autres, chacune pouvant aborder une couleur différente parmi les cinq disponibles. Si on n'en peut plus des pierres précieuses, on peut les remplacer par des fruits dans les options, ou encore par des carrés tout simples, voire des dés et des formes. Mais ça va rester des colonnes de trois, désolé. Le temps que la pièce descende jusqu’en bas de l'écran, on peut agencer les couleurs à volonté. Puis les colonnes s'empilent les unes sur les autres dans un petit crissement plutôt agréable. Dès qu'au moins trois pierres de la même couleur s'alignent, de manière verticale, horizontale ou diagonale, elles disparaissent en filant des points, et en faisant de la place sur l’écran.

Les gemmes situées au-dessus tombent d'un cran, en déclenchant de nouveaux alignements. Le gameplay se démarque suffisamment de Tetris pour éviter toute confusion, nan ? Je n'ai pas dit qu'il le retournait et l'éclatait par terre, juste qu'il s'en démarquait. On reste calme. Bon d'accord, en tant que fan de SEGA pas objectif du tout, le concept m'a paru vachement plus jouissif ! Surtout quand on démarre une réaction en chaîne octroyant un score qui n’entre même plus dans une calculette ! En vrai, quand un groupe de carrés jaunes se volatilisent, font tomber les pièces du dessus, pour faire dispraître plusieurs triangles rouges, puis des losanges verts, des ronds violets et encore des carrés jaunes… Trop ! La ! Classe ! Le sentiment de récompense face au challenge enterre celui de Tetris sous plusieurs tonnes de pixels. Ça y est, je l'ai dit. Faites-en ce que vous voulez, à part peut-être cramer ma boîte aux lettres, bande de ragix.

Columns, Game Gear, cards

Encore une ville ?

Columns, Game Gear, gems, night

Pas simple de juger l’ambiance d’un jeu qui se déroule en intégralité sur un simple plan fixe. Comme pour Tetris, le thème a un vague rapport avec une ville. Quelqu’un sait pourquoi ? Jamais compris. Jamais cherché non plus d'ailleurs, ça pourrait aider à trouver. Mais à part ça ? Columns et ses colonnes, grecques sans doute. L'écran du menu principal sur Mega Drive semble confirmer l'origine hellénique. On aurait pu appeler ça Trees et balancer ça dans un forêt, ça n'aurait sans doute pas changé la vie de grand-monde. Remarque, ça existe peut-être, vu le nombre ahurissant de puzzle games qui ont vu le jour en espérant surfer sur le succès de Tetris. Ouais, Columns en fait partie, je sais. Bon, ici au moins on a droit à une petite image de ville pour faire joli. Plus la difficulté augmente, plus la dite ville sombre dans la nuit noire. Stylé ou quoi ?

Hempffchh moyen, mais ça reste mieux que rien. En plus, on dirait une ville de Turquie ou du Maghreb, ça tombe bien, je suis en vacances, je vous l’avais pas encore dit ? Bon, là, du haut de mon séjour aux sports d'hiver 1993, je squatte une chambre d'immeuble en Savoie, mais c’est déjà plus proche du Maroc que quand je traîne au Havre. Au final, on s’en fiche pas mal, de cette ville ! De toute façon, les pièces tombent tellement vite à la fin, que même cligner des yeux nous mène à une défaite quasi-instantanée. Peut-on au moins le finir ce jeu ? Je n'ai pas l'impression. Même le plus timbré des forceurs se prend une raclée au bout d'un moment. On joue pour le scoring, comme ça se faisait dans les années 80. Sur Tetris, il existe un mode que l'on peut terminer et qui nous gratifie d'une jolie cutscene. Oui c'est mieux ! J'avoue ! Bordel ! Ouais mais sur Tetris y a pas la pièce spéciale brillante magique qui fait disparaître toutes les gemmes d'une même couleur, et que t'es super ultra heureux quand elle arrive ! Allez remballe !

Columns, Game Gear, fruits

Triste comme un saphir (pourquoi pas)

Il existait trois morceaux différents là-dedans. Comme dans Tetris, de mémoire. Je vérifierai quand j'écrirai le texte dessus, on n'est pas à quelques mois près. J’ai mis du temps à réaliser que si je voulais écouter les autres, je devais le préciser dans les options du menu principal. Quand j’ai enfin compris ça, j’étais tellement accro à la chanson jouée par défaut (subtilement appelée Theme A), que j’ai à peine laissé les autres me caresser les oreilles. Je crois que j’ai bien fait, car ce Theme A possédait une aura envoûtante et mélancolique que ses congénères n’avaient pas, des spécificités que j’appréciais beaucoup étant gosse. J'adorais rêvasser dans une semi-déprime, plus encore que de m'éclater et exploser de joie. Carpe Diem et tout le bazar, ça dégage ! Dommage que le titre ne dévoile pas les petites subtilités sonores de la Game Gear qui la différencient de la Master System, et qui me rappellent plutôt l'Atari ST. Ça aurait sonné encore mieux. Mais en fait, sans doute que non. Je me demande quand même pourquoi les développeurs ont foutu une musique triste sur ce genre de jeu, plutôt qu’un morceau entraînant comme dans Tetris. On chiale déjà bien assez quand on perd, pas besoin d'en rajouter ! Ça ne fait qu'un mystère de plus, comme cette histoire de ville.

Columns (Game Gear) - Gameplay Theme A
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Alkalinophile

Au risque de me répéter, je ne jouais à la Game Gear qu’en vacances, ou à la rigueur en week-end chez les grands-parents, pour qui le maximum de la technologie imaginable se résumait au magnétoscope et aux diapositives. Chez moi ou chez les potes, j’avais accès à de meilleures consoles. Ça donnait à ma Game Gear une saveur spéciale d’insouciance liée à l’absence d’école. Elle me faisait oublier la hype générée par Sonic 2, et me dissuadait de harceler Elena pour lui ruiner ses sauvegardes de Super Mario Land 2. Vu comme ça, on pourrait croire que je la trimballais partout, lançant une petite partie sur le bord de la piscine au camping, où avant une virée en canyoning. En fait non, la Game Gear ne méritait pas son appellation de console portable, mais aurait dû entrer dans la catégorie ogre pilovore, puisqu’elle en bouffait six en moins d’une heure ! Oui, même les LR-6 Duracell que cet affreux lapin rose essayait de nous refourguer ! J'exagère à peine.

Columns, Game Gear, magic tile, gif

Mes parents m'ont vite interdit de toucher aux piles valides de la baraque. Avec un monstre pareil qui n'entrait même pas dans ma sacoche banane, je les dérobais par dizaines dès que je faisais ma valise. Je devais donc jouer à la Game Gear avec l’adaptateur branché sur une prise en permanence, souvent assis par terre. Et pas dehors, donc. Trop cool les vacances passées sur le carrelage beige de la maison secondaire des parents d'une ex de papa ! En vrai, oui, trop cool. J'ai chéri chacun de ces moments, malgré mes fesses douloureuses. Malgré le carrelage beige. Qu'y a-t-il de plus génial que de se planquer sous la couette pour jouer à la Game Gear (qui avait un écran rétro-éclairé, contrairement à sa concurrente krkrkrkrkrkr), les parents qui croient qu'on pionce depuis une heure, tout ça pour se faire ridiculiser par Columns ? Bah pas grand chose ne peut égaler ce genre de souvenir. Les gamins d'aujourd'hui font pareil avec leur smartphone ; vous avez tout compris, les bézots.

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