Mario Kart 64
Jeu Trop Marrant #3

Type de jeu
Outil incontournable pour transformer les situations gênantes en formidables journées pleines de nouveaux amis.
Date de sortie sur nos machines
Juin 1997 en Europe, bien après Road Rash, mais avant le mode karting dans Gran Turismo 7.
Développeur
Nintendo EAD, pour dire Entertainment Analysis and Development, et qui deviendra en 2015 Nintendo Entertainment Planning and Development. On paie des mecs cher pour ce genre de move ?
éDITEUR
Nintendo Co., Ltd. qui par je ne sais quel miracle s'appelle toujours ainsi depuis les années 1960.
Mario Kart 64 : disponible sur la Switch. Encore heureux !
J’ai connu très peu de gens qui possédaient la Nintendo 64. Il y avait bien sûr mon cousin Walter Valise, qui aurait pu ouvrir un Micromania dans sa chambre, mais j’ai surtout joué à Donkey Kong ou à Turok chez lui. En rendant visite à un pote de vacances vers 1998-99, Teddy Perdrix, j’ai enfin découvert la puissance de Mario Kart 64. Comme on ne se connaissait que par le prisme de notre camping préféré en Ardèche, l’ambiance peinait à se réchauffer au début. J'avoue que ça m'a fait bizarre de me pointer au fin fond du 91 en plein hiver, alors qu'on n'avait connu que la piscine et les cigales ensemble. Le voir ouvrir le frigo pour boire du Viandox pur à même la bouteille n'a rien arrangé. Quand ses amis ont débarqué, j’ai même fini carrément en retrait, comme si je dérangeais. Puis on a lancé une course. J’ai choisi Yoshi, ils ont pris Mario, Bowser et Princesse Peach…
Brise-glace 150cc

Une demi-heure et deux championnats plus tard, on se tombait tous dans les bras en riant, des cœurs et des papillons flottant au-dessus de nos têtes. Même Bomberman 64, qu’on a testé un peu aussi et qui m’a paru au moins aussi cool que le Party Edition, n’a pas produit d’effet si intense. En parlant de Party, on a aussi fait quelques sessions de Mario Party. Et aussi de Blood et Destruction Derby 2 sur son ordi. Un laser game aussi (pas chez lui, hein). Purée mais combien de temps j'ai squatté chez lui, en fait ?
Dans tout l'essence

Mario Kart représente beaucoup plus qu’un jeu de course. HA ! Cette phrase nullissime. Tant pis, je continue. Disons qu'on tient le mélange parfait entre compétition à ras du sol et jeu de baston. Toutes les cinq secondes, on peut catapulter le véhicule de son voisin dans le décor en lui balançant des carapaces de tortue ou des cadeaux piégés. Le gameplay est calibré avec une telle justesse, qu’on oscille entre frustration extrême et jubilation extatique à tout instant. Maîtriser les dérapages, connaître les raccourcis des circuits, savoir quand balancer cette foutue carapace bleue pour envoyer le premier de la course dans un ravin… ça aide. Savoir prendre l'aspiration aussi. D'ailleurs j'ai eu un débat enflammé avec quelqu'un un jour, qui soutenait bec et ongles que l'aspiration n'existait pas avant Mario Kart Double Dash sur GameCube. Je lui ai répété au moins vingt fois que si, il y en avait aussi sur la version 64.
On a failli se battre, mais dans la bonne humeur hein. Jamais de vraies embrouilles avec Mario Kart, même si j'en veux toujours à ce mec aujourd'hui. Bref, même les moins bons joueurs comme lui ont toujours une chance de gagner contre les meilleurs, car plus on se retrouve à la traîne, plus on récupère des power-ups de taré en roulant à travers un bonus. Si en plus d'être mauvais, vous esquivez les cadeaux, autant vous jeter hors de la route arc-en-ciel tout de suite. N'empêche qu'on pouvait tracer en première position pendant presque toute la course, et se prendre un combo de l'espace au pire moment. Du genre, encaisser une carapace pile quand on roule sur une passerelle, tomber dans la lave, se faire percuter par Bowser en revenant sur le circuit, retomber, choper un champignon doré, rattraper un peu son retard, puis se prendre un éclair qui nous envoie sous un Thwomp (les gros blocs de pierre en colère, vous savez forcément de quoi je parle) au moment où il se laisse tomber... et terminer dernier.


Dans ces moments où avoir envie de buter les responsables apparaît comme la seule action rationnelle à effectuer, on remarque qu'en fait, on a juste envie de repartir pour un tour. Ce jeu nous transmet cette impression souvent vraie qu'on peut toujours faire mieux la prochaine fois, et enfin dégager ce crasseux de Donkey Kong du podium. Et puis voilà, la pendule affiche cinq heures du matin, merde alors ! Mais attendez, je n'ai pas parlé du mode battle en arène avec les ballons, où l'aspect bagarre prend définitivement l'ascendant sur la course ! Qu'est-ce qu'on s'est marrés la-dessus aussi ! Franchement, on rigolait trop, l'éclate totale. Personne ne peut imaginer à quel point on s’amusait oh là là là lààààà ! Euh… oui bon, ça doit faire longtemps que je n'ai pas vécu ça, on dirait.
On a beau piloter un véhicule tout plat et à peine plus vivace qu'un solex, on retrouve quand même tout ce qui fait le charme de l’univers Mario. Du sympa, du mignon rondelet et souriant, même lorsque l’on explose les gentilles vaches et les pauvres taupes qui ont le malheur de se pointer sur notre trajectoire… Dans n’importe quel autre cas, j’aurais trouvé ça plutôt nul, surtout durant l’adolescence. Pourtant, cette franchise de Nintendo réussit toujours l’exploit étrange de changer une marmite de mièvre en lingots de cool ; le débile devient super génial, le méchant devient trop kawaï et drôle comme tout. Cette marque de fabrique fonctionnait déjà avec les platformers des débuts, elle se révèle au moins aussi bien adaptée aux circuits de karting. Je n’ai jamais idolâtré tout ce qui gravite autour du plombier moustachu, mais je commettrais un crime contre l'humanité en niant qu'en fait, bah si, je kiffe à fond.
Larmes arc-en-ciel


Depuis mes cinq piges et la découverte de Super Mario Bros. 2, d'ailleurs. Chacun des titres envoie sa petite vibe de nostalgie spécifique dans ma face. Et Mario Kart se débrouille super bien dans l'exercice. Le style 3D primitive lui va, euh... comme un pneu, il faut croire. Peu de titres développés en 1996 pourraient en dire autant.
Sublimation 200cc
La musique, à l’instar de tout ce que j'ai déjà rabâché plus haut, s’incruste dans la tête dès les premières secondes, et ce pour nous procurer une bonne humeur durable. Cette fois, Ô, incroyable, le légendaire Koji Kondo n’apparaît pas dans les crédits ! La lourde tâche de reprendre son flambeau revient à un nouveau venu, du nom de Kenta Nagata. Personnellement, je trouve qu'il s’en sort très bien, malgré l’énorme pression qu’il a dû sentir sur ses épaules. Tous les morceaux nous entraînent à leur manière, tout à fait adaptés aux décors qu’ils accompagnent. Je ne dis pas qu’on pourrait aller jusqu’à les intégrer à une bonne playlist de soirée (ou même de journée en fait), mais ils remplissent leur rôle, à savoir nous embarquer dans la course sans détourner notre attention, nous donner la pêche sans nous surexciter. Je n’ai rien à reprocher à aucune des compos, vraiment. Dès lors, le joueur entre dans l’état de concentration nécessaire pour choisir le timing parfait, et envoyer son voisin dans le mur, grâce à une peau de banane bien placée sur la route. Mais j'adore encore plus les sons que la musique, je crois. J'explosais de rire à chaque fois que je les entendais, je pourrais presque tous les refaire de mémoire pour chacun des participants. Le cri de joie, le juron exaspéré quand on se prend une carapace, le hurlement de désespoir quand on fait une chute de cinquante mètres dans le vide… et Yoshi possède encore ses petits bruits des débuts, ce chuintement trop mignon apparu dans Super Mario World. Il la perdra dès ses premiers pas sur Game Cube je crois, au profit d'une voix de crétin décérébré. Pourquoi avoir changé ça, franchement ? En tout cas, certains de ces bruitages ont intégré la banque sonore de ma session Windows, détrônant au passage ceux de Dungeon Keeper. Ouais, gros exploit.
Revival à fond d’balle
Une fois n’est pas coutume, mon plus beau souvenir lié à ce jeu date de la seconde moitié des années 2000, presque dix ans après sa sortie. À une époque où même la PS2 se faisait un peu vieille (j’avais lâché Budokai 3 depuis longtemps), et que sur PC, je tournais en boucle sur le mod DotA de Warcraft III, mon meilleur pote Randall Geyser venait souvent chez moi pour une petite session retrogaming, histoire de se mettre en jambes avant de partir à la plage. J’avais installé plusieurs émulateurs sur mon PC, afin qu’on puisse replonger dans les jeux préférés de notre enfance, sans avoir besoin de racheter de vieilles consoles (et en devenant un ignoble pirate par la même occasion).

Si on s’éclatait vraiment beaucoup avec Turtles in Time et Bubble Bobble, c’est finalement Mario Kart qui a le plus souvent occupé nos voyages dans le passé. Le jeu devient encore plus drôle à deux sur le même ordi qu’avec les manettes originelles ! On faisait exprès d’appuyer sur plein de touches à la fois pour que le clavier se bloque. Comme ça, l’autre ne dirigeait plus rien et tombait dans un trou, ou finissait écrasé contre un pingouin géant de Sherbet Island. Réécoutez les cris de ces idiots de volatiles en les regardant dans les yeux. Vous allez hurler. Fatalement, nos parties se terminaient en larmes de rire, et en roulades sur le sol en se tenant le bide. Ça restait toujours plus productif que de glander à la fac, à faire semblant de réviser. Ouais, j'avais des amis avant, même que je m'amusais bien avec eux. Vous en avez encore, vous ?



