Starcraft : Broodwar
Jeu ultra Cool #1

Type de jeu
Film de science-fiction interactif, plus stressant qu’Alien, plus épique que Star Wars, plus sensationnel que… Battlefield Earth ?
Date de sortie sur nos machines
Mars 1999 pour l'extension, avril 1998 pour le jeu de base. Octobre 1997 pour la naissance de mon petit frère, mais rien à voir.
Développeur
Saffire Inc. avec l'assistance de Blizzard Entertainment INC. Voilà, on en restera là.
éDITEUR
Blizzard Entertainment INC., distribué chez nous par Cendant Software Europe S.A., devenu Vivendi Games en 2001, Devenu Activision Blizzard en 2008 après la fusion avec Blizzard Inc. Eeeeet restons-en là aussi, hein.
Starcraft : disponible sur... rien d'autre que Battle.net. Merci les gros radins de chez Blizzard !
Déjà accaparé par d’autres jeux de stratégie à l’époque, comme Total Annihilation ou Dark Reign, j'ai regardé StarCraft me passer au-dessus de la tête à sa sortie. Pourtant, en tant que fan absolu de WarCraft II, j'aurais dû me jeter dessus. Je n'ai même pas l'excuse de l'ignorance, car j'en entendais parler toutes les cinq minutes, soit via des potes exaltés, soit par des critiques de magazines ultra enthousiastes. Un an plus tard environ, j’ai fini par tomber dedans quand son extension Brood War a montré le bout de sa boîte. Pas parce que j'ai pris la décision de l'acheter, mais parce que je l’ai vu tourner non-stop sur les PC d’un tout nouveau lieu que je découvrais à peine : le cyber-café. Alors que je commençais tout juste à me faire quelques pseudo-potes là-bas en m'éclatant sur le mode multijoueur d'Half-Life, un jour, tout a changé.
Gros Délai Spatio-Temporel

L’intégralité des ordis installés dans cette antre qui sentait fort l’adolescent un peu introverti affichaient les images du nouveau hit incontournable du moment (StarCraft : Brood War, pour ceux qui dorment déjà). J’avais déjà passé des dizaines d’heures dans ce lieu un peu lugubre mais terriblement cool, et je comptais en passé des centaines d’autres. Alors j’ai bien été obligé de m’y mettre aussi. Même si j’ai éprouvé un petit pincement au cœur pour ce brave Half-Life, il ne m’a pas fallu longtemps pour devenir accro au dernier jeu en date de Blizzard.
Badasserie Temps Réel

StarCraft a succédé à WarCraft II en tant que RTS phare estampillé Blizzard. À l’époque, cette belle entreprise en plein essor n’avait pas encore déçu grand monde. Mais là, il fallait vraiment frapper un grand coup pour éblouir les adorateurs du titre susnommé. Et euh, mission accomplie, quoi. Largement. StarCraft fait juste tout mieux, sur tous les plans. Le nombre de races jouables passe de deux à trois, multipliant ainsi les intrigues scénaristiques et les stratégies à adopter. Cette fois, les camps possèdent une identité bien définie et un gameplay propre ; alors que dans WarCraft, seuls les graphismes permettaient de différencier un orc d’un humain.
Bah ouais toutes les unités avaient des stats identiques à leur alter-ego respectif ; à part le buff des ogres mages meilleur que celui des paladins, merci les inquisiteurs du dixième art, je suis au courant. Malgré tous ces paramètres à prendre en compte, l’équilibrage du jeu frise la perfection. Telle ou telle combinaison d’unités peut s’avérer terriblement efficace contre certains ennemis, mais se faire décimer par d’autres (oui, j’ai parlé pour ne rien dire, mais chut). Le level design et le pathfinding ont reçu une attention comme jamais un jeu vidéo n’en avait reçu auparavant. L'I.A. a gagné pas mal de neurones, et utilise diverses tactiques pour mieux challenger les joueurs aguerris. Les mécaniques se prennent en main très facilement, mais demandent un investissement colossal pour en devenir expert.


Pas étonnant que des milliers de gamers aux dents longues ont jeté leur dévolu dessus, histoire de prouver qui avait la plus grosse (maîtrise). Et euh, sinon, la campagne, le scénario, tout ça ? Ben, pas le temps de passer dessus, y avait déjà trop à faire en multijoueur ! Mais on m’a dit que c’était très cool, avec tout plein de personnages charismatiques de rebondissements et de cliffhangers, je fais confiance, allez. Pas sûr d’avoir envie de découvrir ce qu’un blockbuster de 1999 avait à raconter selon les standards d’aujourd’hui. En tout cas, après quelques essais plus ou moins désastreux pour tester mes affinités avec les trois camps, j’ai finalement décidé de m’enrôler dans l’armée à peine fanatisée des Protoss. Les Dark Templars invisibles... ah là là trop stylés.
Difficile de parler de StarCraft sans évoquer WarCraft à tout bout de champ, pour le coup transposé dans un space-opéra cruel et oppressant. La facette sombre de la science-fiction occulte la grandiloquence de la high fantasy. Les fiers chevaliers combattant pour la justice remplacés par des soldats désabusés qui se démènent pour survivre. Cette ambiance très bon-enfant se ressent à chaque instant. À l’écran, à travers la musique, dans les bruitages et les voix des unités… on a peur pour nos petits Terrans adorés : en plein dans le cliché des militaires humains, des mecs rugueux qui fument des cigares dans leur combinaison spatiale, parce que trop la classe, ou quoi ? Hmm, moyen.
Perdus dans l'espace


À moins que l’on en apprenne un peu plus sur la facette sadique de notre personnalité, aux commandes d’une armée de Zergs enragés qui ne cherche ni plus ni moins que d’asservir la galaxie. En bouffant les gens, et en assimilant leur code génétique pour créer de nouvelles aberrations. Ragoûtant ! Moi, je préférais les Protoss et leurs délires de mystiques un poil sectaires, ou de sectaires mystiques, mais largement en avance sur tout le monde d’un point de vue technologique. Bref, tout le monde a un grain, là-dedans. Pourquoi ils se tapaient tous dessus, déjà ? Aucune idée, j’ai déjà dit que j’avais pas joué la campagne. Sans doute parce qu'ils étaient barges, justement.
I'm Zerg, Da ba Dee Da Ba Da
Les compositeurs (parmi eux Glenn Stafford, qui avait déjà signé la magnifique OST de WarCraft II) ont donné vie à des morceaux très raccord avec chacune des races jouables. Lourd et métallique pour ces bourrins de Terran, glauque et organique pour les Xénomor… euh les Zerg et leurs ruches grouillantes, électronique et lunaire pour ces bigots illuminés de Protoss. Sacré tour de force ! Malgré la qualité, je n’en garde pas un souvenir impérissable. En même temps, dans le cybercafé où j’ai poncé ce jeu, on avait baissé la musique au max, ne conservant que les bruitages. Parce que dans les enceintes des locaux, Fun Radio tournait à fond, en permanence, sans interruption. Sainte mère de Zeratul, comment ai-je pu supporter cette torture pendant si longtemps ? Pour moi, la B.O. de StarCraft, ça se résume surtout à "I'm Blue" de Eiffel 65, ou "Californication" des Red Hot Chili Peppers. Aujourd’hui, je déteste ces chansons, mais elles ne m’ont pas gâché mes bons souvenirs de StarCraft pour autant. Purée, encore heureux.
QUI a encore coupé le téléphone ?
Pendant longtemps, StarCraft a endossé le rôle de référence ultime qu’on se devait de connaître par cœur, si on voulait se faire une street cred virtuelle (en tout cas, je traînais avec des gens qui y croyaient dur comme fer). Avec deux ou trois potes, on n’aspirait à rien d’autre que devenir des brutes à ce jeu. Le cybercafé représentait la meilleure alternative pour y parvenir, mille fois plus pratique que de s’entraîner à la maison, avec mon forfaits à 30h de connexion par mois sur lequel toute la famille pompait, via un modem 56k qui lâchait des crissements de l’enfer quand on le lançait (et rendait le téléphone fixe inutilisable par la même occasion).

Pas facile de se creuser une place sur Battle.net dans ces conditions. Enfin voilà, tout mon argent de poche y passait, et ce malgré les multiples ristournes du gérant ! Heureusement pour mon moi actuel, je n’ai jamais atteint un niveau très élevé et j’ai vite abandonné l’idée de me faire une place parmi les meilleurs joueurs mondiaux. L’E-sport mainstream commençait tout juste à éclore, et on n’en parlait pas encore vraiment. Cela ne m’a pas empêché de passer d’excellents moments, des soirées de tournois avec les habitués du coin, entre cris de rage et hurlements de joie (j’avais choisi Méga-Wicket comme pseudo, et je n'étais jamais méga bien classé). On ne fréquentait pas les gens les plus sociables, mais ça nous convenait. On se sentait bien dans cette ambiance un peu à part… jusqu’à ce qu’on grandisse encore un peu, quoi.



