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Total Annihilation

Jeu Super Obsédant #4

Total Annihilation, PC, Cavedog, cover

Type de jeu

Massacre permanent, sans commune mesure avec ce que l’univers a jamais connu. Mais tranquille, personne ne meurt à part des robots.

Date de sortie sur nos machines

Octobre 1997, un peu plus tard que le meilleur tube de l’été 1997, Meet Her at the Love Parade de Da Hool, bien sûr !

Développeur

Cavedog Entertainment, et mon game designer préféré de l'époque : Chris Taylor

éDITEUR

Humongous Entertainment, plus tard mangée par GT Interactive, avant de ressusciter en 2013.

Total Annihilation : disponible sur GOG.com, sur Steam, et aussi sur Zoom, tiens.

Au beau milieu de l’année 1998, je ne jurais plus ou moins que par les jeux de stratégie en temps réel. Pas encore remis des Command & Conquer, complètement obsédé par Age of Empires, et bientôt embarqué par la folie Starcraft dans les cyber-cafés ! Et pas de fin à cette phrase, non non. Sans parler de Z, Dark Reign, War Wind… Ouuuuh ! Rien que d'y repenser, j'ai les mêmes frissons que Shenzi quand elle entend prononcer le nom de Mufasa dans le Roi Lion. Mais donc euh, en cette année 1998, comme presque tous les étés à l’époque, j’ai passé une semaine chez un gars rencontré en Dordogne six ans plus tôt, et devenu un ami depuis. Stanley Doritos, voilà. Tout naïf que j'étais, je pensais qu'on multiplierait les activités artistiques ou les sessions en plein air, comme à l'accoutumée. Bien sûr, on se materait encore les nichons des danseuses de Duke Nukem 3D, ou on se ferait des sessions semi-fascinantes, semi-chiantes sur Blood & Magic. Ça m'avait quand même vachement plu durant l'été 97, tout ça. Mais non. On a à peine fichu les pieds dehors.

Mise à jour du programme

Total Annihilation, PC, Cavedog, menu

Pas d'exploration de mare, pas d'escalade de bottes de foin, et même pas d'invention d'histoires à peu près amusantes en bande dessinée. Pas de Duke 3D ou de Blood and Magic non plus. On ne s'était pourtant pas embrouillés, ni rien. Au contraire, notre complicité venait de grimper d'un cran supplémentaire. Notre obsession pour les RTS aussi. On a passé quasiment tout notre temps vissé sur notre tabouret, les doigts crispés sur le clavier et la souris. Une goutte de la sueur la plus concentrée au monde perlait à notre front, sous l'effet de notre stress euphorique. Je venais de me faire pirater le cerveau par Total Annihilation. Et il n'allait pas me lâcher avant un bout de temps.

Upgrade de la baston

Total Annihilation, PC, Cavedog, base, ARM, Commander

Si je jouais encore à plusieurs machins à la fois avant de découvrir Total Annihilation, je n'ai plus touché à rien d'autre ou presque pendant des mois. Je n'ai même pas cherché à résister, j'avais juste trouvé la formule qui me convenait le mieux dans ce genre de jeux. “Me convenait” signifiant ici “Me rendait totalement cinglé et extatique”. Total Annihilation, rimait avec jeu de tous les extrêmes ! Le premier à afficher de la vraie 3D dynamique de partout : les unités, le terrain, et… oui bah ça correspond à tout ! Et quelles unités, oh, eh ! Des robots titanesques, des tanks gros comme des pétroliers, des croiseurs longs comme une file d’attente à la CAF, des hovercrafts qui pourraient écraser la Floride sous leur poids, et des avions obscurcissant le ciel de leurs ailes immenses. Sans parler des batteries de canons défensifs rendant les bases imprenables, un peu trop même. Il y avait tout ce qu’on pouvait imaginer là-dedans, un choix gargantuesque de trucs à fabriquer, pour de la baston épique et quasi ininterrompue.

Là où on envoyait des escouades de quinze conscrits dans les jeux de stratégie classiques, Total Annihilation nous donnait la possibilité de balancer une armada de cinquante machines de guerre produites en série, sur un adversaire qui faisait de même. On ne se retrouvait jamais à court de ressources, car même notre plus petit extracteur de métal rapportait de la thune en continu. On construisait juste moins vite, en cas de production supérieure au rendement de nos “mines”. Et si on voulait accélérer la cadence de tel ou tel truc en chantier, on pouvait envoyer autant de robots, avions, véhicules ou bateaux constructeurs dessus pour filer un coup de main. La physique jouait un rôle jamais vu avant. Les montagnes bloquaient la vue (et bloquaient les missiles aussi), l’artillerie ne tirait jamais au même endroit,  incapable de viser correctement, les véhicules se déplaçaient avec une vraie inertie.

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Total Annihilation, PC, Cavedog, units icons

Trop de nouveautés d’un coup, même pour notre soif d’action intarissable d’ado quasi hyperactif. Mon cerveau a juste surchauffé. Dommage que les PC de l'époque surchauffaient aux aussi au bout de trois minutes de jeu.

Le début de chaque partie installe une atmosphère calme, mais oppressante. Planète inconnue aux paysages fabuleux (et il existe un paquet de décors différents), notre Commandeur - sorte d’unité suprême à ne surtout pas perdre (feature inventée par War Wind mais personne ne le sait ! OUI ! Disons les termes !) - seul face aux éléments, la base qui prend forme petit à petit, un mille-pattes extraterrestre fait de six polygones qui nous regarde de travers… On se sent intrusif et vulnérable à la fois. Puis, les premières minutes passées, rien à voir ! On laisse place à un festival de son et lumière à base de lasers, canons plasma, roquettes à protons et autres gadgets capables de raser des pays entiers. Forcément, avec les graphismes et les ordis des nineties, se repérer dans ce maelstrom de feu et d’acier représentait la véritable prouesse du joueur.

Atmosphère overclockée

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À l’aube de l’an 2000, Total Annihilation nous a gratifiés d’une vision É-CLA-TÉE au sol d’un lointain futur, où les machines ont éradiqué les humains, viennent de fêter la trente-huitième mise à jour séculaire de Skynet, et s’affrontent entre elles dans un conflit interstellaire parti pour durer jusqu’à la fin des temps. Pour quelle raison déjà ? Les robots eux-mêmes l’ont oublié, mais qu’importe : Terminator et son avenir ténébreux peuvent aller se rhabiller. Mission accomplie. Ah oui, chaque unité possède son petit nom, j'ai oublié d'en parler. Certains passent très bien, comme le robot Hammer ou le gros tank Bulldog. D'autres font sourire, tel le Blindax (aucun lien avec un métro parisien en heure de pointe), quand ils ne croulent pas sous le ridicule. Le Penetrator, par exemple. Ouais, les devs ont osé. Même en anglais, j'imagine que le terme suggère le même genre d'activités qu'en français.

Orchestre Synthétique

Command & Conquer alignait une B.O. d’électro-rock crâneur, je m’attendais à envoyer mes colosses de métal se mettre des tatanes sur des rythmiques techno-futuristes à plus de 180 bpm. En fait non, Jeremy Soule, célèbre compositeur qui a depuis bossé sur Elder Scrolls, Guild Wars et autres petits projets indés du genre, a choisi la voie de l'orchestre symphonique épique. D'autres jeux m'avaient initié à l'O.S.T. de musique classique par le passé. Heroes of Might and Magic II d'abord, ainsi que Wing Commander IV, qui lui aussi se déroule dans un futur sacrément loin de notre présent, avec des lasers et des voyages interstellaires et tout. Pourquoi les compos de Total Annihilation m'ont-elles produit l'effet d'une pure nouveauté carrément révolutionnaire ? Parce que ça collait encore mieux que partout ailleurs, pardi ! Les robots disent encore pardi au XXXVIème siècle, vous saviez pas ? Dans Heroes II, elles me faisaient marrer, ces musiques. Elles me gavaient dans Wing Commander IV (désolé George), mais là… Pouahaha !! Eh mais quand est-ce qu'on prend notre abonnement à la Salle Pleyel, les gars ? Non, j'écoute pas que de l'Eurodance de patinoire ! J'adore le classique ! Depuis cinq minutes, d'accord ! Mais même ! Une escadrille de chasseurs à lasers automatiques qui fout en l'air des dizaines de superstructures dans un concert de cymbales, violoncelles et hautbois ? Ça s'accorde super bien, je vous jure. Les tirs dévastateurs du canon Repressor faisant écho à un quatuor de trombones à coulisse ? Bah ça claque de ouf ! Oh, alors ! La bonne idée ! La B.O. de Total Annihilation possède ce petit plus qui change tout : les morceaux qui se lancent ou se coupent au gré de l’action lors d’une partie. On alterne ainsi entre mélopées placides et envolées survoltées à souhait, selon qu’on se la coule douce dans notre base, ou qu’on massacre l’autre à l’aide de mille bombes nucléaires. Comme dans Z avant lui, et comme dans les jeux Oddworld à peu près en même temps. Il y a aussi ces titres qui font croire à de la douceur, pour mieux nous éblouir de leur énergie explosive par la suite. Là, c’est le moment d'écouter un morceau, parce que je sens que je n'arrive plus à parler clairement.

Total Annihilation (PC) - Ambush in the Passage
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évolution infinie

De retour chez moi après le séjour chez Stanley Doritos, j’ai direct économisé pour m’acheter le jeu. Allez, non, je vais dire la vérité même si j'ai honte à 45%. J'ai pris l'argent sur le compte ouvert par mon père trois ans plus tôt pour choper Total Annihilation et ses deux extensions ! À la base, ce livret A devait participer au paiement du permis ou de mes études. Mais euh, les priorités, tout ça… En tout cas, je l'ai terminé ce bon vieux RTS, ses deux extensions aussi ; puis terminé encore et re-reterminé, jusqu'à en connaître la moindre petite puce électronique. J'ai dû me farcir les scénarios personnalisés trois fois chacun contre sept ennemis, avant de vouloir souffler un peu. Sauf que je n'en avais pas fini avec lui. Car j'ai appris je ne sais même plus par quel moyen qu’une communauté de fans s’amusait à intégrer encore plus d’unités dedans !

Total Annihilation, PC, Cavedog, cover, gif, Big Bertha

Bordel et jubilation +9000, je venais de découvrir l’existence des moddeurs et leur imagination sans limites. Les heures passées sur des ébauches toutes moisies de sites internet à chercher des packs d’unités, sur des pages plus flippantes que les recoins les plus sombres du Dark Net, à les télécharger à raison de 0,3 kilo octets par seconde, puis à galérer avec des tutos sur fichiers .txt pour les faire fonctionner, font partie des meilleurs souvenirs de ma personnalité geek asociale. Mon obsession consistait à me construire la base la plus imprenable possible, avec le max de canons défensifs placés autour, dans la configuration la plus stylée que que puisse imaginer. Et une fois que j'avais fini, je me retrouvais bloqué par la limite d’unités possibles à fabriquer, une contrainte imposée par le jeu, sans doute pour éviter de faire griller nos pauvres petits ordis. Toute cette 3D à calculer, en même temps… même la Voodoo 2 n'y comprenait rien. Remarque, j'ai rejoué bien des années plus tard sur des machines largement plus rapides, et ça surchauffait tout pareil. Total Annihilation, ouais. Annihilation jusque dans ton matos que t'as mis trois ans à te payer en bossant en intérim. C'est moche.

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