Golden Axe
Jeu doudou éternel #2
Type de jeu
Quête héroïque de cape et d’épée, avec un slibard à la place de la cape.
Date de sortie Sur NOS MACHINES
Janvier 1989 sur les bornes d'arcade Japonaises. Ou Juin, ou mai, personne sur internet ne semble d'accord. Novembre 1990 sur Mega Drive, par contre, ça fait consensus.
Développeur
Makoto uchida, en coop avec la Team Shinobi, et euh... Enfin SEGA pour simplifier, quoi.
éDITEUR
SEGA Enterprises ltd. pour l'Arcade et la Mega Drive, Virgin Mastertronic ltd. pour l'Atari ST. Plus connue sous le nom Virgin Entertainment UK, ou encore la boîte rachetée par Titus en 2003.
Golden Axe : disponible sur la Mega Drive Mini (pour ceux qui l'ont), le SEGA Genesis Nintendo Switch Online (tant d'incohérences dans cette suite de mots), sur le Google Play Store et l'Apple Store dans sa version Golden Axe Classics (les trois jeux 16-bits rassemblés en une seule tuerie).
Fin 1991, ou peut-être début 1992, j'en sais rien. En CP, quoi ! Mon nouveau meilleur pote Randall Geyser, avec qui j'ai sympathisé dans la cour de récré en faisant un battle de marques de compotes de pommes, m'invite chez lui pour l'une des premières fois. Assez vite, on allume l'Atari ST familial, qui deviendra le sien à lui tout seul par la suite. Une montagne de disquettes trône sur le bureau. Parmi ses préférées, Golden Axe, qu'il met un point d'honneur à me faire découvrir. J'ai vite compris pourquoi. Dès lors, à chaque fois que je débarquais dans le bureau de son père, trois mercredi ou samedi sur quatre, il fallait qu’on se fasse une partie de Golden Axe ; on savait d'avance qu'on passerait un super bon moment... et qu'on se taperait un fou rire au bout de quelques minutes. On a beaucoup moins joué à Bubble Bobble après ça. On a beaucoup moins joué à tout, en fait.
Golden AXtari
Médiéval Névrotique
Quand j’ai appris que Golden Axe existait aussi sur Mega Drive, j’ai sauté dessus pour pouvoir y jouer chez moi. Mais sauté dessus comment ? Je ne crois pas l'avoir acheté, alors j'ai dû l'emprunter à mes super voisins Nelson et Mortimer Paprika, ou plutôt à ce gars qui avait une Mega Drive 2, et qui m'a rendu accro à Streets of Rage. John Blazer Escalope, voilà. J'ai sans doute “oublié” de lui restituer, parce que je vois bien la boîte traîner très longtemps dans ma chambre. D’ailleurs, Golden Axe fait aussi partie des raisons pour lesquelles j'ai acheté la Mega Drive mini en 2019 ; je dirais donc que ce jeu a eu un impact plutôt violent sur ma personne. Il a également participé au développement de mon amour pour l’heroic fantasy, qui a perduré de longues années.
Chaque découverte que j'y faisais révolutionnait mon maigre bagage culturel vidéoludique. Cet enchaînement mythique : lacération vers la gauche, lacération vers la droite, deux coups de manche sur la tête et coup de pied qui envoie l’ennemi valser loin devant. Mais la classe de malaaaaade ! Et les coups d’épaule assénés en courant (on appelait ça des bourrades), les bruits des méchants qui mouraient, les potions qui lançaient des sortilèges dévastateurs, la taille gigantesque des boss, la prestance des créatures que l'on pouvait chevaucher... Et si par malheur on mettait une droite à son allié sans faire exprès, l'aventure prenait une tout autre tournure. Il devenait alors primordial de massacrer l'autre à tout prix, et tant pis s'il fallait recommencer à zéro.
Balancer son pote dans une crevasse sans fond juste avant l'affrontement final nous faisait tellement marrer ; on s’en foutait de voir l'écran de game over s'afficher, ça valait trop le coup. Ah Oui ! On pouvait incarner un nain, parmi les trois protagonistes disponibles. Un vieux briscard avec grosse barbe fournie, hache et casque à cornes. Bon là, j'ai su que j'atteignais ma limite de tolérance pour la fantasy. J'ai toujours détesté les nains dans la fantasy. Pourtant, il proposait l'expérience la plus facile, avec son allonge plus longue que les autres. Il avait de petites jambes mais de grands bras, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je le haïssais quand même ! Peut-être parce qu'à l'école on m'appelait le Nain, justement. Snife. Bon eh, il était nul en magie de toute façon, alors qu'il la ferme.
Selon mes critères d'appréciation complètement biaisés par la nostalgie, Golden Axe fait partie de ces jeux qui ne peuvent pas mal vieillir. Enfin, je reformule. Il a dépassé le stade du jeu qui a mal vieilli, au point de devenir indémodable par sa ringardise pour l'éternité. Je me comprends, et surtout que personne n'essaie de me faire changer d'avis, ça pourrait fonctionner. Le barbare ultra baraqué qui ferraille en slip bleu aux côtés de la belle amazone en bikini rouge et blanc (mais toujours très échancré), ça sent quand même très fort le mauvais goût des années 80. Conan Schwarzenegger a laissé quelques séquelles dans l’industrie du divertissement. Et alors, ça pose un problème ? Aujourd'hui peut-être bien.
Trolls et Tropes
Mais avant, pas du tout, on adorait trop. En même temps, on se trouve réellement en pleine aventure fantastique, aussi bien lors des affrontements contre armures vivantes, squelettes étonnamment vivaces et brigands hauts de trois mètres, qu’allongé près du feu de camp pendant la pause entre les niveaux, où on botte les fesses de lutins espiègles. À l'époque, personne n'avait encore honte d'abuser de ces affreux clichés, au contraire ! On allait encore en bouffer pendant des lustres. Tout juste nous ennuyait-on un peu sur la violence “gratuite”, comme l’appelaient nos parents et les employés zélés du CSA. Et encore, la violence dans Golden Axe, quand on la compare à… au hasard Robocop vs. The Terminator, elle ne fait pas bien mal aux yeux.
Mais la représentation des femmes ? Oulà, on avait encore le temps de voir venir. Alors certains pourront rétorquer que le barbare Ax Battler se balade presque à poil aussi. Et je répondrai que ce n'est pas pareil, et qu'on va finir par se battre si je lis encore ce genre d'arguments débiles. Cela dit ! La belle Amazone, Tyris Flare de son nom, ne sert pas juste de plante verte que l’on doit secourir. Elle se débrouille très bien toute seule. J’adorais la choisir pour tenter le périple. D’une, parce que contrairement à pas mal de mes potes mecs qui détestaient incarner des femmes dans les jeux, ça ne m'a jamais dérangé. D’accord, peut-être pas pour les bonnes raisons (je vous laisse deviner quoi). De deux, parce que quand elle collectait neuf potions, elle invoquait un énorme dragon qui cramait tout le monde à l’écran. HYPE MA-XI-MALE !!
Il n'empêche que l'atmosphère un peu lugubre, un peu nulle et un peu géniale à le fois, elle n'a pas pris une ride. Ça reste dans le schéma classique, mais tellement stylé, du beat'em all qui démarre en forêt ou dans des plaines, nous emmène sauver un petit village (qui parmi vous préférait essayer de massacrer les femmes et les enfants en train de fuir à la place des ennemis ? Si c'est pas un comportement de petit sataniste, ça !), traverse des terres hostiles infestées de morts-vivants, et se termine dans une forteresse imprenable, mais qu'on prend tout seul quand même. Bon par contre, l'aigle géant et les squelettes qui jaillissent de l'intérieur de son dos, comme s'ils sortaient d'un ascenseur en plus… j'ai du mal à trouver les mots.
Vous avez les bases
Nan mais. Alors là ! Oh eh ! Cette musique, bordel. Franchement ! Dis donc, quelle claque ! Cette O.S.T. épique flirte avec le saugrenu relativement souvent, ce qui achève de la rendre impeccable. D'accord, le titre de fin du jeu bascule carrément dans le grotesque, mais n'en parlons pas. Pour le reste, on sentirait presque la poussière s’incruster dans nos yeux quand notre guerrier foule la terre sèche de ses pieds. On subit aussi l’odeur musquée de ses aisselles et l'haleine fétide de ses nombreux ennemis, qui n’ont pas l’air de se laver les dents très souvent. Plus on progresse à travers les stages, plus les morceaux versent dans le sombre et l’oppressant. Le summum du culte, absolument pas minimisé par la parfois décriée “faiblesse sonore” de la Mega Drive. Les trois gars ayant bossé sur le portage des morceaux de l’Arcade composés par Tohru Nakabayashi ont réussi l’exploit de livrer un travail pas du tout grinçant, à une heure où beaucoup de jeux ne pouvaient pas se targuer de faire de même. Et ce sans avoir besoin de connecter huit synthés et douze samplers sur la pauvre console, hein Yuzo Koshiro ? Je n’ai aucune idée de comment ils s’y sont pris en vrai, ni pourquoi je trouve aussi le nom de You Takada dans certains crédits, alors peut-être que je raconte n'importe quoi. Les titres sonnent bruts, mais sans basculer du côté horripilant des ondes sonores qui caractérise nombre de bandes-son sorties avant 1991-92. OK, la musique de fin me rend fou de rage quand je l’entends plus de trois secondes ; je la trouve affreuse et complètement hors-sujet. Mais tout le reste… magnifique. Le theme Wilderness, du premier stage, nous promet tellement d’action jouissive, que dès les premières notes, on a les poils qui se hérissent, les muscles qui gonflent, et les vêtements qui se déchirent (sauf le slip).
Cobra Death Adder
Chez mon nouveau super pote de primaire, on n’a pas fait que jouer à l’Atari ST. Oh que non. On a organisé les batailles de jouets les plus incroyables que des gosses puissent imaginer (j’ose espérer que mon melon a rétréci aujourd’hui). En même temps, Randall possédait la plus grosse collection de G.I. Joe de la ville, à n’en pas douter. Collection initiée par son grand frère depuis déjà pas mal d’années. Dans la cave de sa maison, se trouvait une réserve de pièces détachées qui servait à réparer les soldats blessés au combat. Bouts de bras, moitiés de jambes, torses sans tête et bassins sans torses… On pouvait rester à admirer ce trésor inestimable pendant des heures (des heures de gamin, hein, donc cinq minutes max en vérité), et imaginer les aberrations qu’on pourrait fabriquer en assemblant ces morceaux bigarrés. Entre ça et l'armada de figurines de marques diverses qui remplissaient sa chambre, les journées passaient à une vitesse paranormale.
Mais selon la tradition fraîchement instaurée, il nous fallait notre partie de Golden Axe en premier, pour se donner la pêche et l’inspiration ! Ça fonctionnait à chaque fois. Ça fonctionnait aussi quand il venait chez moi, autant durant l’enfance qu’aux prémices de l’âge adulte, sur émulateur ou sur Mega Drive Mini (je stagne aux prémices de l’âge adulte depuis mes dix-huit ans, y a un souci ?). Et qu’importe si je n’avais pas la moitié de trucs aussi cool à proposer à Randall quand il débarquait dans ma chambre. Golden Axe transcendait ce genre de petits détails. Il nous aurait donné l’énergie pour jouer des heures avec du gravier et des peaux de bananes, de toute façon.
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