Castle of Illusion :
Starring Mickey Mouse
Jeu doudou éternel #4

Type de jeu
Dessin animé interactif plus épique que Fantasia, plus inter-dimensionnel que Dr. Strange, et euh… disons encore plus magique qu’un spectacle de David Copperfield.
Date de sortie Sur NOS MACHINES
Mars 1991, dans un monde où Sonic n'existait pas encore
Développeur
SEGA Enterprises Ltd., dans un monde où la Team Sonic n'avait pas encore de street cred.
éDITEUR
SEGA Enterprises Ltd., un bon pied de mis dans l'univers de Disney, les mecs.
Castle of Illusion : disponible sur la Mega Drive Mini ! Fallait l'acheter en 2019, les gens. Un remake en 2013 ? Quoi ? Non, ça n'existe pas, ça.
Bon là, j’avoue ne plus savoir si j’ai reçu ce jeu comme cadeau d’anniversaire, ou en conséquence d’un coup de tête altruiste de ma maman pendant une virée au supermarché. Mars 1991, ça sent quand même fort le truc qu'on m'offre pour mes six ans, et ça valait largement mieux que la salopette verte de l'année d'avant. En tout cas, je me souviens bien d’avoir adoré dès les premières secondes. Pourtant, le personnage de Mickey me sortait toujours un peu par les yeux. Dans les bouquins genre Mickey Parade ou Super Picsou Géant, même dans les dessins animés, ou en vrai à Disneyland Paris, même résultat : personnage exécrable. Mais il a fait partie de mes héros vidéoludiques préférés. Sur ce jeu et… sa version 8-bits, et c'est tout. Pas besoin de se le coltiner dans mille aventures différentes, si les jeux en question vous waterboardent trois fois par jour depuis 1991 avec un torrent de nostalgie, pas vrai ? Bon, aujourd'hui je dois admettre que je l’apprécie un peu plus, ce relou de Mickey, peu importe le média utilisé. Mais à petite dose quand même, hein.
Mickey Mouse, un héros en mousse

Minnie Mouse, une dame dans son rôle

Quand j’avais pour projet de faire plein de cauchemars rigolos, je jouais à Ghouls'N Ghosts. Si je voulais passer une journée avec un sourire de débilos collé au visage, je me rabattais sur Castle of Illusion. Ou sur Sonic, ou sur le dessin animé Renart Chenapan (ça ne s'appelle pas comme ça, mais tout le monde a compris), ou sur mes Dino Riders, ou les BD d’Astérix. D'accord, le sourire de débilos collé au visage faisait sans doute partie de moi à la base, mais faisons semblant que non le temps de ce texte. Et puis je trouvais le jeu avec Mickey un peu moins dur que celui avec Arthur, donc j’ai pu le terminer plusieurs fois sans avoir à sortir l’émulateur vingt ans plus tard. Les mécaniques du plateformer simple et efficace répondent présentes, quoiqu’un peu classiques même pour des nineties tout juste enclenchées. Ici encore, il est question de porter secours à une femme kidnappée, une souris certes, mais en jupe et en talons, alors... Le trope de la jeune demoiselle en détresse à l'époque, quelqu'un s’en offusquait ? Je n'ai pas l'impression ; il faisait surtout partie de notre quotidien, comme Michel Drucker ou les frites au four.
De toute façon, j’avais six ans, alors j'allais faire quoi ? Laissez-moi tranquille. Bon, à part râler, je peux parler un peu du gameplay : Mickey qui saute sur ses ennemis, Mickey qui leur lance des pommes ou des balles en plastique, OK ! Ça ressemble pas mal à Mario, quoique buter des monstres avec les fesses, dix fois plus marrant ! Pfahah ! Et au moins, les balles partent tout droit sans rebondir n'importe comment comme les boules de feu de la fleur, là. Mais au lieu de casser des briques et de glisser dans des tuyaux, on s’accroche à des lianes, on dévale des pentes à toute vitesse, et on se promène même à l’envers sur le plafond parfois ! Ah oui, tout fâché de devoir sauver sa meuf, Mickey massacre tout ce qu’il voit. Comme Mario. Pauvres chauves-souris, papillons, armures animées ou avions téléguidés, ils n’avaient rien fait à personne. Allez, petite exception pour les clowns sur leur monocycle, eux je valide leur extermination. Ils me terrifiaient. Sans parler de leur boss sur ressorts encore plus affreux.

Un bazar bien expliqué

Comme dans beaucoup de titres du genre, les niveaux n’ont aucun lien entre eux. Au moins, ici ça s’explique par le fait qu’on se balade dans un château magique, dont chaque porte renferme un monde à part entière. On traverse des décors aux thèmes forts et travaillés, de la forêt à la bibliothèque, en passant par le pays des jouets ou les ruines antiques. En plein âge d’or des jeux de plateforme, Castle of Illusion sort du lot en proposant une DA magnifique, puisant souvent son inspiration dans Fantasia. Purée, mais je ne peux pas m'empêcher d'écrire des enfoncements de portes ouvertes insipides, parfois. En plus, je ne sais même pas si les graphistes ont pensé à Fantasia ne serait-ce qu'une seconde. Je suppose que ça vient de là, ça me paraîtrait logique ; je trouve ça classe et partant d'une très bonne intention, alors on va rester là-dessus. Chaque stage irradie de magie, nous émerveille et nous effraie à sa façon. Parfois même à quelques secondes d'intervalle.
Le stage du tunnel que l'on doit traverser alors qu'un torrent d'eaux usées tente de nous noyer, ça m'horrifiait autant que ça me fascinait. On sent que ce jeu ne sert pas juste à la promo d’un dessin animé qui sort au ciné au même moment. Parce que Fantasia, ça avait déjà cinquante ans, hein ! Tout pareil que Quackshot avec Indiana Jones, plus ou moins. Et puis, même dans le cadre d’une campagne de com, Disney savait nous régaler. Les adaptations d’Aladdin et du Roi Lion n’ont rien à envier à n’importe quel autre plateformer. Bon, peu importe, je voulais juste dire qu'après avoir terminé ce jeu vingt fois, j’y suis toujours revenu pour m'imprégner de cette atmosphère envoûtante qui s’en dégage.

Disney's Qualität
Alors, gameplay pas révolutionnaire, mais ultra efficace. Level design plutôt bien calibré, et ambiance impeccable. L'O.S.T. se place où par rapport à tout ça ? Si on me demandait mon avis, je répondrais “BAH ENCORE ARCHI LOIN AU-DESSUS DU RESTE, MA GUEULE !” Je ne sais pas pourquoi je hurle, mais ça fait du bien. J'avais beau idéaliser tout ce que je voyais et entendais étant gosse - pour peu que j’avais affaire à un jeu vidéo - là c'est du jugement factuel objectif sans aucun biais. Non ? On doit ce haut du panier sonore à Tokuhiko Uwabo, déjà bien implanté chez SEGA à l’époque (Alex Kidd in Miracle World, Phantasy Star, Revenge of Shinobi en partenariat avec Yuzo Koshiro), ainsi qu'à Shigenori Kamiya. Ils ont d'ailleurs bossé ensemble sur plusieurs titres de chez Disney, comme Quackshot, et le Castle Illusion de la Master System. Et ça donne des compos magnifiques, jonglant avec maestria entre les mélodies guillerettes pour accompagner la forêt, les arrangements épiques qui subliment la tempête, ou des instrus lugubres dans les dernières salles du château. Chaque stage et création musicale s'associent à la perfection, comme si Disney avait imposé une condition du style :”Euh les gars, dans vos jeux vidéo, là. Vous faites comme avec les chansons dans nos films, OK ? On veut du bon son.” Ça va, ils ont respecté leurs engagements, les musicos de chez SEGA. Enfin moi, je trouve que oui. En tout cas, parmi ces titres hauts en couleurs, il en existe un qui surpasse encore tous les autres. Un morceau qui me file toujours autant de frissons quand je l’écoute aujourd’hui, et qui passe encore dans ma tête quand je cherche à me donner un air pas fréquentable, lorsque je marche tout seul dans la nuit. Enfin, pas pour agresser des gens, hein. Celui du tunnel inondé, exactement ! Enfin, et des ruines aussi, c'est le même.
Soleil, Céréales et Baskets
Je me revois avec ma sœur Elena Vestibule, dans notre chambre en journée. Ou plutôt notre salle de jeu, car notre petite sœur Rebecca n'était pas encore née, et les parents n’avaient pas encore réquisitionnée la plus grande pièce rien que pour elle, laissant la plus petite aux deux autres enfants, logique. Il fait beau (tout l’inverse de Ghouls'N Ghosts où je me trouve seul la nuit). On se dandine sur la musique du premier niveau dans la forêt, avant de stresser comme des malades face à cette enflure de clown. Ma mère passe devant la télé et voit qu’on s’amuse bien. Elle doit se dire que les jeux vidéo ne vont jamais nous demander plus traumatisant que de transformer des champignons en poussière brillante avec nos fesses. Enfin celles de Mickey. Dès lors, elle ne regardera plus jamais vraiment ce qui tournera sur la Mega Drive. Heureusement, elle nous l’aurait confisquée fissa, sinon !

J'ai peut-être romancé quelques passages, combiné des bouts de souvenirs, éclipsé d'autres, mais ça s'est forcément passé à peu près comme ça à un moment. En tout cas, Castle of Illusion restera à jamais lié aux jours ensoleillés du début des nineties. Regarder Widget ou Ulysse 31 à la télé tout en engloutissant un bol de Chocos mélangés à des Miel Pops (je vous jure, mixer deux céréales différentes, ça déboîte à fond), s’éclater dans le grand parc en bas de chez moi en montrant mes Reebok Pump flambant neuves à tout le monde (je les ai ruinées en même pas une semaine), jouer avec mes premiers GI Joe ou Monsters in my Pocket… rien que pour avoir incrusté ces souvenirs dans mon crâne jusqu’à la fin des temps, je peux remercier Castle of Illusion environ quinze fois par jour.