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Streets of Rage 3

Suite Oubliée à tort #2

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, cover

Type de jeu

Dans l’espoir de surpasser ses prédécesseurs, titre qui part beaucoup trop loin et un peu trop partout.

Date de sortie sur nos machines

Juillet 1994, ou Juin, mais j’imagine que je peux aussi mettre Octobre que ça ne dérangerait pas grand monde.

Développeur

SEGA AM7 R&D Division. Ouais, vous avez bien fait de changer de nom en 2000, vous.

éDITEUR

SEGA Enterprises Ltd. Là ça va, c’est plus lisible. Gardez ça S.V.P… ah trop tard, vous avez déjà changé trois fois depuis.

Streets of Rage 3, disponible sur la Mega Drive Mini 2, basta, rien d’autre. Un peu insensé le truc.

Streets of Rage 1 reste un monument de nostalgie pour moi. Je me souviens de chaque lancement de partie, avec John Blazer Escalope, chez qui je jouais aussi à Golden Axe, un gars encore plus fan de Dragon Ball que moi (pas trop de rapport avec le jeu en question, mais j’ajoute du lore). Une fois arrivés au dernier niveau, vu qu’on ne pigeait pas un seul mot d’anglais, on choisissait au pif “oui” ou “non” lors du discours du boss final, en espérant avoir pris la décision de l’affronter, et pas de clore l’aventure sans climax. Et on recommençait, peu importe la fin que l’on déclenchait. Bizarrement, je ne sais plus où ni quand j’ai fait mes armes sur le second opus ; mes voisins me l’avaient peut-être prêté, ou alors j’y ai joué chez l’un de mes autres potes qui avait une MD. Je l’ai aimé presque tout pareil que le précédent, mais je ne me rappelle pas l'avoir lancé plus de quatre ou cinq fois. J'imagine que je devais avoir une bonne raison.

Une légende passe

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, main menu

Et le troisième volet, alors ? Jamais touché, sûr et certain ! J’ai appris son existence bien plus tard ; ma console avait alors rendu l’âme depuis longtemps. Quand j’y repense, ça me paraît juste inconcevable. Comment ai-je pu passer à côté d’un titre dont j’avais autant adoré les ancêtres ? Bah j'ai fait comme avec Sonic 3, en fait. À savoir rien ; me laisser porter par les découvertes qui me tombaient dessus, sans chercher quoi que ce soit par moi-même, ou presque. Et donc énormément apprécier une franchise ne signifie pas que j'irai me renseigner sur l'éventuelle existence, ni même sur la street cred de ses descendantes (j'accorde au féminin parce que je parle des cartouches de jeux vidéo, n'allez pas me faire une syncope, les droiteux). Tiens, je remarque que j'agis toujours de la même manière aujourd'hui, et qu'on pourrait remplacer les jeux vidéo par tout mon quotidien, que le théorème serait encore vrai. Eh bien mes excuses à ma famille, surtout ceux qui ont déjà coupé les ponts. Snife.

On prend presque les mêmes et…

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, sword, Axel

Comme on pouvait s’y attendre, Streets of Rage 3 propose le pack classique : suite de l’histoire (juste suite hein, dans tout ce qu'elle propose de surtout pas original), nouvelles attaques disponibles (mais toujours pas le retour de la bagnole de flics, boooooouh), nouveaux ennemis en plus des caïds déjà connus, nouveaux personnages jouables, quelques améliorations au niveau de l’interface et du feedback (comme la barre de vie des objets que l’on ramasse). Le tout balancé dans des stages flambants neufs ! Et puis, si les graphismes ne paraissent pas si révolutionnaires par rapport à ce que proposait déjà le 2, quand on rejoue au premier, la différence nous envoie un high kick dans les sourcils pour nous remettre les idées en place. Jusque-là, tout semble normal. Et au niveau du background scénaristique, ça donne quoi ? Le grand méchant Mr. X, qu’on a déjà marave deux fois quand même, revient ENCORE, plus fort que jamais ! Aux commandes d’une armée de robots, de surcroît (maintenant, les ennemis explosent au lieu de disparaître en clignotant, un point pour les lois de la physique).

Là où ça passe encore dans un univers totalement inventé comme celui de Sonic, ça la fout un peu plus mal dans le monde quasi-réaliste de Streets of Rage. Mais va-t-on en tenir rigueur aux développeurs ? Bien sûr que non ! Peu importe que ça saigne ou que ça rouille, on vient juste pour se taper dessus. Le reste, on s’en… euh, on s’en tape, tout à fait. Du côté des combattants prêts à en découdre, on retrouve nos amis Axel le grand beau-gosse blond bien sous tout rapport, Blaze la jeune fougueuse bien foutue caution male gaze trop bonne et même pas idiote, mais toujours pas Adam, qui aurait décliné l’offre de sauver le monde, parce que trop “occupé”. Logique, je me dis la même chose quand j’ai mis des pommes de terre au four. En même temps, il a peut-être une thérapie en cours à cause de son kidnapping survenu dans l'intro de Streets of Rage 2.

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, Zan, Blaze
Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, Axel, Skate

Heureusement, il oblige de nouveau son fils préado à affronter le crime à coups de roller dans les tibias, au lieu de le laisser jouer à la console, comme tous les gosses de son âge. Good parenting ! Oui je sais, c'est son petit frère et pas son fils. Mais dans un monde où des gens de vingt piges ont déjà le statut d’ex-flic, je vois pas le souci à avoir un gamin de douze ans sur les bras. Le gros catcheur a visiblement pris sa retraite (peut-être pour aller cuisiner un poulet lui aussi), et on se voit gratifiés d’un vieillard reconverti en semi-cyborg à la place. Pourquoi pas, foutons des robots partout, qu'est-ce qui peut arriver de plus aberrant, maintenant ? Un animal ? Ah oui en effet. Moyennant un petite manip en éclatant un autre boss, on débloque Roo, un kangourou équipé de gants de boxe.

Passons sur le ninja ténébreux qui rejoint aussi les rangs des justiciers, et attardons-nous sur la grosse exclu du jeu dans sa version japonaise. Ash, un grand moustachu, tout de cuir vêtu, qui se balade en sautillant sur la pointe des pieds, les genoux orientés vers l’intérieur. Et encore, je ne parle pas des mouvements ultra exagérés de ses mains. Ouh, le malaise, il faut le voir pour le croire. Peut-être que ça faisait rire au milieu des années 90, mais pas tant que ça visiblement, puisque dans un grand élan de tolérance, SEGA a retiré le personnage des versions américaines et européennes. Je ne sais pas ce qu'il y a de pire entre imaginer une telle caricature de base, ou alors la censurer au lieu de rendre Ash moins insultant envers la communauté gay. Manquerait plus que Blaze la jolie gonzesse se mette à emmerder son monde pendant ses règles, tiens !

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, Roo, Bulldozer
Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, Axel, Skate, bike

Ah, bah c’est bien le cas, vu que dans sa fiche d’identité, on nous précise qu’elle a perdu son boulot de flic à cause de ses crises de colère. Rien à jeter là-dedans, pas vrai ? Aujourd'hui, on parle beaucoup des énormes différences entre Bare Knuckle III (la version japonaise originale) et notre Streets of Rage 3. Il arrive chez nous sans Ash donc, avec des bouts de vêtements en plus pour certaines ennemies, un scénario à trente points de QI en moins, et des vêtements aux couleurs modifiées pour presque tous les personnages jouables. Mais surtout, la difficulté a sacrément poussé de la fonte. Mais bon, qui savait à l'époque pour tous ces “ajustements” ? On n'avait pas internet pour se plaindre ou lire des rageux s'énerver sur le fait que les Soozie du jeu PAL ont enfilé des collants, alors qu’au Japon on voit leurs jambes.

Ouiiiin ! Mais concentrez-vous le sur la richesse du gameplay plutôt, non ? Et tous ces nouveaux décors alors ? Ils ne vous envoient pas du rêv… euh, oui d’accord, là j’avoue, il y a un truc qui me chagrine aussi. Quoique… Certes, tout a perdu en couleurs et en festivités, au profit de zones urbaines froides (même les lumières dans la discothèque ont l’air déprimées). Certes, tout ce qui faisait le charme des deux opus précédents a disparu dans la grosse explosion de l’intro. Mais en fait, bah ça colle bien au postulat de départ. On a basculé dans un monde post-apocalyptique peuplé de robots qui veulent conquérir la Terre, on n’allait pas trimballer le joueur dans la chocolaterie de Willy Wonka ! Cela dit, ça peut donner l'impression d’un début d’essoufflement de la part des développeurs, comme s’ils avaient manqué d’inspiration (inspiration, essoufflement, emoji vent, emoji  pleure de rire).

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, Shiva
Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, character select

Ça manque de fantaisie, ça fait un peu trop convenu pour un troisième jeu de franchise unanimement reconnue comme Streets of Rage. Pour du 16-bits de 1994 aussi, d’ailleurs. Je n’arrive pas à me faire un avis clair sur le sujet, en fin de compte. Si seulement j’y avais joué… Sonic 3 rencontre à peu près le même souci, j’ai l’impression (avant de fusionner avec Sonic & Knuckles du moins), qui lui aussi galère un peu à nous séduire, avec son charisme de hérisson écrasé sur l’autoroute. Coïncidence au niveau du chiffre trois, ou de l’année 1994 ? Je suis tellement paumé que je mets à chercher une explication dans la numérologie, ça va pas fort.

Qu’est-ce que… bam bam krr krr AAAH !

J’ai découvert la bande son sur un site assez génial nommé Greatest Game Music. Et je dois avouer que pour la première fois de ma vie, j’ai trouvé les compos de Yuzo Koshiro un tout petit peu décevantes. Ça reste du travail d’orfèvre, mais peut-être pas assez accessible, trop en avance sur son temps (en avance, genre d’un bon siècle), ou alors pas adapté à la Mega Drive, qui souffre un peu face aux sons qu’on lui demande de produire. Pauvre bête. Les morceaux demandent un certain temps d’adaptation avant de ne plus faire grincer des dents. Ça veut sonner comme de la bonne techno / gabber / trance, mais j’ai surtout trouvé que tout se percutait à la fois dans ma tête, dans une grosse bouillabaisse électronique. Bon, Koshiro n’a visiblement endossé qu’un rôle de Music Producer, quoique cela veuille dire. Le “vrai” compositeur se nomme Motohiro Kawashima, qui avait déjà travaillé sur SoR2, et qui a dernièrement repris du service sur le génialissime Streets of Rage 4. Les gars ont utilisé le Ancient Music Driver pour créer leurs morceaux, un programme spécial qui a sans doute permis de repousser toutes les limites connues. Si j’ai bien compris, le driver générait lui-même une bonne base des compos à lui tout seul, d’où l’impression de froideur que je leur trouve. Encore une fois, bah ça se marie bien avec la vibe Skynet / futur dégueulasse du jeu. Mais alors vraiment dégueulasse, hein. Néanmoins, j’ai eu un coup de cœur pour un titre en particulier ; celui qui accompagne la “mauvaise fin”, où les héros rejoignent le camp des méchants, et laissent le maire crever, ou un truc bien glauque du genre. Il possède une telle puissance, une telle harmonie entre sa rythmique et sa mélodie, sans verser dans l’avalanche de sonorités du reste de la B.O., que j’en ai eu des frissons de nostalgie sans même avoir touché au jeu ! Sérieux, je ne croyais pas ça possible. Rien que pour The Poets I, donc, Yuzo Koshiro et ses collègues méritent mon admiration éternelle. Le mec qui aura réussi à me rendre mélancolique d’un truc que je n’ai pas vécu. Purée… comme si je ne tournais déjà pas assez en boucle sur mes vrais souvenirs, il faut qu’il m’en rajoute des virtuels !

Streets of Rage 3 (Mega Drive) - The Poets 1
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Strict of Rage

Maintenant que j’ai un peu démonté ce jeu, sans aucune crédibilité en plus, je peux me poser la question : est-ce que les défauts que j’ai relevés aujourd’hui auraient eu un quelconque impact sur moi à dix ans ? Non, que dalle, je m’en serais foutu, mais d’une force ! Car en dépit de toutes mes critiques, Streets of Rage 3 reste ultra jouissif, hyper pêchu, super bien calibré. Le rythme enfiévré nous embarque malgré nous dans une frénésie irrépressible, les niveaux s’enchaînent sans anicroche, les cadavres des ennemis (enfin les carcasses de robots) s’accumulent comme autant de petites briques d’une jolie pyramide.

Streets of Rage 3, Mega Drive, PAL, Blaze, Mr. X

À condition de ne pas se faire démonter par la difficulté corsée du jeu, oui OK. Le cocktail explosif imaginé dès le premier du nom fonctionne toujours à merveille. Et aussi, les décors autant que les sprites nous régalent les yeux. Streets of Rage 3 n’atteint pas le statut de légende indépassable, mais uniquement parce que ses aïeux l’ont déjà décroché avant lui. Qu’il n’ait pas pu les surpasser ne m’aurait jamais empêché de prendre un pied fou dessus. Et ouais, Ash le gay ridicule aurait été mon perso préféré, si le comité officiel des décisions stupides ne l’avaient pas cancel sans vergogne ; je ne l’aurais peut-être pas apprécié pour les bonnes raisons, cela dit. Comme presque tous les gosses de mon âge, les vannes homophobes et sexistes nous faisaient beaucoup marrer. Aucune nostalgie à conserver de ce genre d’humour, tiens.

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